Créature semi-humaine née dans un corps monstrueux, avec un bras exagérément allongé et les yeux au mauvais endroit, Inu-Oh vit en marge de la société, rejeté par les siens. Tomona, un jeune musicien aveugle, croise un jour sa route, avant que les deux marginaux ne décident ensuite de faire équipe en lançant un ambitieux spectacle musical qui fera vaciller le pouvoir en place sur l’archipel nippon…
L’un des maîtres de l’animation japonaise, Masaaki Yuasa, signe une épopée détonante où l’on reconnaît le style tranchant et incisif qui a déjà fait tout le succès du film culte Mind Game (2004) ou, plus récemment, de l’extravagante série Devilman Crybaby (2018) : vélocité du montage, corps enragés et inarrêtables, trait aiguisé des formes confinant parfois à l’abstraction…
Sorte de Fantôme de l’opéra version rock ’n’ katanas, Inu-Oh présente assez de décrochages et de montées en puissance pour emporter l’adhésion, à grand renfort de changements de registre parfois brutaux (de la comédie burlesque à la tragédie trash) et d’une animation ultra dynamique où la silhouette élastique de la créature apparaît, scène après scène, comme le héros d’une revanche jubilatoire des freaks sur l’industrie du spectacle.
Inu-Oh de Masaaki Yuasa, Star Invest Films (1 h 38), sortie le 23 novembre