« Hijo de sicario » d’Astrid Rondero et et Fernanda Valadez : le poids de l’héritage

[CRITIQUE] Très tôt privé de son tueur de père, assassiné quasiment sous ses yeux, un jeune Mexicain tente de se construire et de trouver sa voie. Un récit d’apprentissage sur le refus de la fatalité, par deux réalisatrices d’une grande sensibilité.


Le fils d’un tueur à gages (« hijo de sicario ») a-t-il vraiment toute liberté pour choisir la direction à donner à sa vie ? C’est l’interrogation qui traverse la première coréalisation des Mexicaines Fernanda Valadez (Sans signe particulier) et Astrid Rondero. Tout commence avec Sujo, enfant de 4 ans dont les proches essaient de préserver l’innocence le plus longtemps possible, loin de la terrible réalité : son père vient d’être abattu, victime d’un règlement de comptes. On suivra alors le jeune garçon à plusieurs étapes de sa vie, jusqu’à sa majorité.

Au fil des chapitres, les cinéastes changent de ton et de patine visuelle, adaptant leur regard en fonction de l’évolution de leur personnage principal. Accablé par le lourd héritage laissé par son géniteur, Sujo hésite à prendre sa vie en main, tant pour s’éloigner de la violence que pour s’élever intellectuellement. À l’image de son héros, Hijo de sicario refuse d’embrasser sans réfléchir des codes violents et patriarcaux et préfère emprunter des chemins de traverse qui lui vont comme un gant. Et si le film prend à la gorge, c’est d’abord par l’émotion croissante qu’il parvient à créer.

Hijo de sicario d’Astrid Rondero et Fernanda Valadez, Damned (2 h), sortie le 21 août

Image (c) Damned Films