Si l’on reste un peu formel, Ham on Rye raconte juste l’histoire d’une ado, Haley, qui s’abandonne à la contemplation dans un parc ensoleillé. Son regard glisse au-delà du square et s’immisce dans le quotidien des gens de son âge. Ses camarades préparent la traditionnelle fête de fin d’année, qui aura lieu dans une sandwicherie d’une banlieue américaine quasi intemporelle, celle qu’on voit dans tous les depuis les années 1950…
Mais, au-delà de ce pitch minimaliste, c’est la minutie de Tyler Taormina qui emporte. Le récit foisonne de microfictions au style éthéré, se mêlant par petites touches très sensibles dans cette journée déterminante pour des personnages qui échappent toujours à leur stéréotype – le nerd, le garçon sportif, la fille populaire…
Taormina filme leurs gestes parfois maladroits (se maquiller, enfiler un costume trop grand, danser trop vite) comme des rituels dans lesquels sa caméra plonge avec lyrisme, se lovant par des ralentis contre les reliques de l’adolescence : des Converse, un bandana… La seconde partie du film, nocturne, presque fantomatique avec ces plans de diners ou de parkings vides, saisit quant à elle un vague à l’âme, le sentiment que cette soirée, ou cette cérémonie, n’aura plus jamais lieu.
Ham on Rye de Tyler Taormina, Ed (1 h 26), sortie le 8 décembre
Image (c) Ed Distribution