À Riga, il existe un bâtiment sur lequel sont perchées deux statues de chats noirs, en surplomb de la ville. Le dos rond, la queue dressée, ils semblent à la fois méfiants et souverains face à cette humanité qui s’anime sous leurs pattes.
Comme un lointain descendant, le héros de Flow, du cinéaste letton Gints Zilbalodis, est un félin ébène solitaire dont le quotidien est rythmé de balades dans la nature et de siestes dans une maison abandonnée. Mais, lorsqu’une soudaine montée des eaux le surprend, le chat désemparé est contraint de partager une arche de fortune avec d’autres bêtes : un chien, un oiseau, un lémurien et un capybara…
Merveilleuse découverte du collectif, poignant récit éco-anxieux, touchant plaidoyer pour le vivant, ce deuxième long métrage est avant tout un tour de force émotionnel. Loin de l’esprit anthropomorphique auquel Disney nous a habitués, Flow déploie des trésors éthologiques pour rester à hauteur de faune.
Sans paroles, donnant à voir des paysages inventés d’où l’humain est absent, ne trahissant sa présence passée que par des traces architecturales, le film invite le spectateur à éprouver ses sens. À ne pas confier ses émotions à une trame narrative toute tracée, mais à faire l’expérience d’un cinéma sensoriel qui transcende la notion d’espèces. Grand.
Flow de Gints Zilbalodis, 1h25mins, en salle le 30 octobre
Image © UFO Distribution