Sorti au cinéma le 22 avril 1998, le premier long métrage d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau raconte l’histoire de Jeanne (Virginie Ledoyen), standardiste qui a un coup de foudre dans le métro pour Olivier (Mathieu Demy). Quand Olivier annonce à Jeanne qu’il est séropositif, celle-ci veut continuer, sans peur, à le fréquenter.
« En tant que militant d’Act Up, ma préoccupation à l’époque était la crise du sida, qui n’était pas totalement finie. Le film devait porter un regard joyeux sur ce sujet dramatique, en opposition à une grande partie de la production intellectuelle qui était plus morbide. Je voulais célébrer le droit de continuer à être libre sexuellement malgré le sida, puisqu’il suffisait de se protéger et d’être vigilant.»
Le choix de faire une comédie musicale s’imposa vite. « était décédé en 1990 et son dernier film, Trois Places pour le 26, était sorti en 1988. Il y avait comme un manque, et on désirait refaire de la comédie musicale en France. »
Mathieu Demy, fils de Jacques, accepta en outre de jouer dans le film, qui bénéficia de superbes chansons, d’une musique de Philippe Miller et d’une modernisation du genre avec de la salsa et du tango. Ancrée dans la réalité sociale des années 1990, cette histoire d’amour tragique bouleverse encore aujourd’hui par sa manière de faire coexister euphorie sentimentale et désenchantement final. « La fin n’est pas consolatrice, car on évite de faire se croiser Jeanne et le militant d’Act Up François (Jacques Bonnaffé), alors qu’ils auraient pu se soutenir et faire leur deuil ensemble », confirme Olivier Ducastel.
Un choix qui expliqua peut-être, selon les cinéastes, le succès mitigé. « Le film a fait un peu moins de 200 000 entrées, loin de ce que les distributeurs attendaient. » Jeanne et le garçon formidable va heureusement connaître une seconde vie avec une version restaurée 4K qui redonne au film toute sa flamme originelle.
Jeanne et le garçon formidable d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Malavida (1 h 34), ressortie le 14 juin
Illustrations : Sun Bai pour TROISCOULEURS