
Grand Prix à la dernière édition du Cinéma du Réel, Direct Action dresse le portrait des activistes de la Zone à Défendre (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes. En janvier 2018, l’abandon de la construction de l’aéroport du Grand Ouest annonce la victoire de la ZAD malgré la répression policière. En 2023, les Soulèvements de la Terre, collectif écologiste et protestataire, se mobilise contre le projet de privatisation de l’eau à Sainte-Soline.
C’est dans ce contexte d’anxiété climatique et d’incertitude politique que s’inscrit le film et le projet holistique de Guillaume Cailleau et Ben Russell, artistes et cinéastes expérimentaux reconnus qui collaborent pour la première fois.
Du bricolage aux cuisines en passant par le concert du groupe punk et belge René Binamé et les assemblées générales, Direct Action détaille l’effort commun pour répondre au besoin de la communauté.
Surtout, le film s’impose par la radicalité de sa mise en scène, qui se fabrique exclusivement à partir de plans-séquences filmés en Super 16mm, exposant les activités journalières dans leur durée. Il en ressort une puissante impression de proximité avec les militants. Direct Action impressionne par ce dispositif et nous saisit davantage lorsque la caméra survole le paysage, captant ainsi l’ampleur de ce territoire en lutte. Le film ne manifeste pas tant une idée politique qu’il s’emploie à restituer les multiples tâches mises en place pour la réaliser.
Qu’ils soient pacifistes, radicaux, anarchistes, les militants démontrent par leurs actions une stratégie révolutionnaire fondée sur des utopies collectives et la solidarité. Loin d’être une simple chronique militante, Direct Action propose en riposte à l’inaction gouvernementale des alternatives possibles pour vivre collectivement.
Direct Action de Guillaume Cailleau et Ben Russell, ShellacFilms (3h34), sortie le 20 novembre
Image © CASKFILMS