« Dernière nuit à Milan » de Andrea Di Stefano : un polar moral sous tension

[CRITIQUE] Polar d’une intensité rare, « Dernière nuit à Milan » est aussi une fable morale édifiante qui offre à Pierfrancesco Favino l’un de ses plus beaux rôles, tout en défiant les lois d’une longue lignée de films noir italiens.


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Milan a longtemps été le royaume du poli­-ziottesco, ces polars italiens qui, de la fin des années 1960 au début des années 1980, furent les exutoires d’un pays bouleversé par les années de plomb. Le cinéaste italien Andrea Di Stefano se place donc dans la lignée de ces films réjouissants et sulfureux, en situant l’éprouvante dernière nuit de service du policier Amore dans la capitale de la Lombardie. Seulement voilà : contrairement aux flics vengeurs et aux anarchistes sanguinaires qui ont fait les grandes heures du poliziottesco, Amore est un pacifiste forcené (il n’aurait jamais utilisé une arme de sa carrière) qui voit ses principes éprouvés quand il convoie illégalement une pochette de diamants. 

La tension de Dernière nuit à Milan est donc d’autant plus imparable qu’elle est double. Amore doit en effet s’extirper d’une souricière, tout en résistant à la tentation de la violence. Porté par un Pierfrancesco Favino fabuleux dans un personnage à la fois effacé et magnétique (lire notre interview), Dernière nuit à Milan concilie, comme Amore, ce qui semble incompatible : Di Stefano nous offre à la fois un film social engagé (le salaire misérable des poli­ciers est l’une des sous-intrigues du film), un polar haletant et une fable morale d’une équité proprement bouleversante.

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Dernière nuit à Milan d’Andrea Di Stefano,

Universal Pictures (2 h 05), sortie le 7 juin