Dans la liste des films étrangers dont le titre est bien mal traduit en français, Dédales figure en bonne place. Le troisième long métrage du Roumain Bogdan George Apetri n’a rien d’un labyrinthe. Au contraire, suivant une structure narrative simple en deux parties, il s’intéresse d’abord au trajet d’une jeune novice de 19 ans, Cristina Tofan, qui se faufile hors de son couvent pour se rendre chez le médecin, dans une petite ville du nord de la Roumanie. Avant de céder la place à la trajectoire du détective Marius Preda, venu interroger les nonnes.
Cristina n’est jamais rentrée après ce rendez-vous, et l’enquêteur est chargé de comprendre ce qui a pu se passer. Cette construction en miroir emmène le policier et le spectateur dans le sillage de la jeune fille. Usant avec virtuosité mais sans prétention des plans-séquences, le cinéaste retranscrit tout à la fois la lourdeur du temps qui passe et le danger latent. Tout, dans ce film pourtant très lent, semble annoncer le drame. Il suffit d’un regard furtif ou d’un bruissement du vent dans une forêt pour se sentir au bord du gouffre. Et, tandis que s’emboîtent parfaitement les éléments qui permettent de mettre au jour les secrets de chacun des personnages, on ne peut s’empêcher de penser que le long métrage ressemble décidément plus à son titre original : Miracol (« miracle »).
Dédales de Bogdan George Apetri, Arizona (1 h 58), sortie le 20 juillet
Image (c) The East Company Productions