Un jeune homme noir longe une route, ses chaussures posées sur la tête. « Un voyageur, c’est un fantôme », assure en voix off Gabriel. Alors que la guerre du Biafra fait rage au Nigeria, ce dernier fuit ce pays et s’installe de l’autre côté de l’Atlantique. À la manière d’une odyssée contemporaine, Bushman accompagne cet homme dans ses errances et ses rencontres en tout genre. Les commentaires de Gabriel nous confient son sentiment d’exil, le montage se ponctuant d’images du Nigeria.
Difficile d’évoquer Bushman sans préciser son contexte politique, marqué en 1968 par la mort de Martin Luther King et Bobby Hutton. La mise en scène de David Schickele corrèle avec ce contexte, notamment à travers l’emploi d’une caméra mobile qui figure un rapport trouble entre la fiction et le réel. Le cinéaste manifeste autant le racisme que l’hypocrisie ambiante chez les intellectuels progressistes. Le film se distingue aussi par ses échappées poétiques, telles que cette séquence de danse au rythme de “Respect” d’Aretha Franklin. Jusqu’aux derniers instants du film, Gabriel espère s’intégrer au rêve américain, mais la réalité dans toute sa violence rattrape inopinément la fiction.
Bushman de David Schickele, Malavida (1 h 15), sortie le 24 avril.