« Barbès, Little Algérie » de Hassan Guerrar : quartier libre

[CRITIQUE] Pour son premier long métrage, l’attaché de presse devenu cinéaste, Hassan Guerrar, propose une plongée inédite dans le XVIIIe arrondissement de Paris, à travers une chronique douce-amère sur le déracinement.


Il y a deux ans à peine, Goutte d’or de Clément Cogitore nous emmenait en excursion quasi mystique dans ce coin du XVIIIe arrondissement de Paris, emporté par la présence magnétique de Karim Leklou en médium manipulateur. A peine quelques encablures plus loin, à Barbès, c’est le tout aussi envoûtant Sofiane Zermani qui nous sert de guide. 

Dans Barbès, Little Algérie, il est Malek, quadra célibataire qui vient d’emménager dans ce quartier proche de Montmartre. Alors que le confinement frappe Paris, et le reste de la France, Malek explore ce nouveau chez lui, village dans la ville, où la vie continue, comme hors du temps et du monde, entre solidarité et mesquinerie de l’ennui. 

Portrait amoureux, mais pas dupe, de cette zone de Paname, Barbès Little Algérie est le premier long métrage de Hassan Guerrar, bien connu des journalistes cinéma en tant qu’attaché de presse. Pour ce passage vers le versant créatif, le primo-réalisateur fait comme bien d’autres avant lui : il se dirige vers l’intime. 

Si Malek n’est pas exactement lui, il le connait par cœur, aussi bien ses peurs, ses joies, que ce mal-être qu’il dissimule sous une apparente bonhommie. Car ce que raconte ce premier film, c’est avant tout le drame des binationaux, en particulier ici franco-maghrébin, à qui il dédit son film. 

Soit « trop », soit « pas assez », à la fois installé mais en manque de repères, Malek profite paradoxalement de l’isolement du confinement pour recréer du lien. Un lien avec une communauté, un lien familial, mais aussi et surtout un lien avec un passé que l’on devine douloureux. 

Parfois maladroit à vouloir traiter un peu trop de sujets en même temps, Barbès, Little Algérie n’en reste pas moins sincère et émouvant. Et même (très) drôle grâce à la présence lumineuse et hilarante de Khaled Benaissa, en Huggy-les-bons-tuyaux du XVIIIe. 

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