« Aucun ours » : le saisissant drame de Jafar Panahi contre la répression en Iran

Incarcéré depuis juillet dernier pour avoir participé à une manifestation contre la répression des artistes en Iran, le nouveau film de fiction du cinéaste résonne fort avec les mouvements de contestation qui agitent le pays, en montrant à quel point les images y sont cernées.


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C’est en mettant en jeu son propre corps à l’écran que Jafar Panahi fait sentir toute la pression à laquelle le pouvoir iranien l’a soumis en tant que créateur, et jusqu’à son arrestation. Il incarne un cinéaste qui s’est réfugié dans un village iranien et qui pilote à distance, par Internet, le tournage de son film en Turquie, dont la frontière est proche.

Entre problèmes de connexion et interruptions incessantes, parfois malveillantes, des villageois, Panahi nous fait éprouver le travail dans la clandestinité, lui qui est interdit de tourner et de voyager depuis 2010 – il avait alors été arrêté pour « propagande contre le régime ».

Le film, bien que tourné avant celle-ci, se connecte aussi avec la mobilisation actuelle des mouvements féministes et de la jeunesse, déclenchée par l’arrestation puis l’assassinat de Mahsa Amini par la police des mœurs en septembre. Dans Aucun ours, le héros est sommé par ses voisins de dénoncer deux jeunes gens qu’il a photographiés et qui ont pris la fuite car ils étaient promis en mariage à d’autres. Une seule image, une photo des amoureux, est utilisée par les traditionnalistes pour surveiller, compromettre et détruire. La force du film de Panahi est de coûte que coûte la protéger.

Aucun ours de Jafar Panahi, ARP Sélection (1 h 47), sortie le 23 novembre