Avec son Eastpak rouge sur son habit traditionnel chinois et son ton calme en interview, Lucie Zhang marque l’esprit. Dans le film d’Audiard, on l’a découverte pile électrique, étudiante décomplexée (dans la scène d’ouverture, elle interprète une chanson – qu’elle a écrite elle-même – nue sur son canapé) qui cache ses sentiments à son colocataire (Makita Samba), avec qui elle couche. Lucie Zhang est née dans le quartier du XIIIe arrondissement qui donne son titre au film, mais a grandi entre Nanterre et Paris. Petite, elle annonce à ses parents, restaurateurs chinois, qu’elle sera médecin, comme son grand-père.
« Les Olympiades » de Jacques Audiard : libres échanges
Mais le harcèlement scolaire la rend introvertie. Elle se réfugie dans les wu xia pian (films de sabre chinois) et se rêve une autre vie. « Dans ces films, les gens ont des pouvoirs. Je voyais les acteurs et les actrices voler avec de très beaux costumes. Je me suis dit que, plus tard, il fallait que je vive dans ces écrans-là. » À 18 ans, alors qu’elle a bifurqué en économie gestion à Paris-Dauphine, elle décroche le premier rôle des Olympiades à force de ténacité. Elle teinte l’ironie du personnage de sa douceur pour en faire une héroïne inoubliable. Comme Lucie Zhang, dont on espère continuer de voir la force tranquille irradier à l’écran.
Les Olympiades de Jacques Audiard, Memento (1 h 45), sortie le 3 novembre
Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS