Quels cinéastes ont gagné plusieurs Palmes d’or ?

On appelle le cercle très restreint des double Palmés « le club des 9 ». C’est pour l’instant un boys club et on attend que des cinéastes femmes l’agrandissent – cette année, Julia Ducournau (Palme d’or 2021 avec « Titane ») peut y prétendre car elle présente son nouveau film « Alpha » en Compétition.


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Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne au Festival de Cannes de 2007 / Collection Christophel © LECOEUVRE PHOTOTHEQUE

Francis Ford Coppola

Si le dernier film du cinéaste américain, le monumental et foufou Megalopolis, a plutôt été mal accueilli au Festival de Cannes 2024, il n’a plus rien à prouver : il a déjà obtenu la récompense suprême pour son thriller Conversation secrète (1974), et pour le film anti-guerre ultime, Apocalypse Now (1979) – partagée cette année-là ex-aequo avec Le Tambour de Günter Grass. Tu peux t’autoriser tous les délires, Francis.

Bille August

Le Danois a été récompensé de la Palme d’or deux fois, d’abord pour Pelle le Conquérant (1988), qui retrace l’émigration au Danemark d’un enfant et de son père suédois – un parcours pavé de tragédies. Ensuite pour Les Meilleures intentions (1992), qui raconte un amour sur fond de lutte des classes. Au scénario, un certain Ingmar Bergman.

Shôhei Imamura

Avec l’existentiel La Ballade de Narayama, qui suit une vieille dame se préparant à aller mourir au sommet d’une montagne pour perpétuer une tradition, le cinéaste japonais se voit offrir la Palme d’or 1983. En 1997, il en obtient une seconde avec le troublant L’Anguille, sur un meurtrier qui se confie à un poisson – ex-aequo avec Le Goût de la cerise d’Abbas Kiarostami.

Emir Kusturica

Le cinéaste franco-serbe décroche sa première Palme d’or lors de sa toute première sélection en Compétition en 1985 avec Papa est en voyage d’affaires, qui d’un regard d’enfant parle de la résistance yougoslave au stalinisme. Il renouvelle l’exploit avec Underground (1995), sur la résistance à Belgrade pendant la Seconde Guerre mondiale. Président du jury en 2005, il donnera leur deuxième Palme d’or aux frères Dardenne pour L’Enfant – histoire d’agrandir le club des double Palmés ?

Jean-Pierre et Luc Dardenne

À sa dernière conférence de presse, Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, blaguait lui-même sur le nombre de sélections des Belges à Cannes – ce sera leur dixième fois en Sélection officielle avec Jeunes mères, en Compétition cette année. Leur cinéma engagé et sans pathos a fait mouche pour Rosetta en 1999, qui révélait la regrettée Emilie Dequenne, et pour L’Enfant en 2005. La troisième Palme cette année ?

Michael Haneke

Souvent violent, sec, austère, le cinéma de l’Autrichien a toujours réussi à avoir cette force de sidération sur les jurys du Festival de Cannes. En 2009, il obtient une première Palme avec Le Ruban blanc, portrait d’un village allemand protestant juste avant la Première Guerre mondiale, et seulement trois ans après, il est récompensé d’une deuxième pour Amour, dans lequel il filme la fin de vie sans compromis.

Ken Loach

Tout au long de sa carrière, le cinéaste britannique n’a cessé de dénoncer les oppressions contre les plus faibles et plus précaires. L’humanisme et l’engagement sans faille de ses films lui ont rapporté deux Palmes, l’une pour Le Vent se lève (2006), drame sur fond de colonisation anglaise en Irlande, l’autre dix ans après avec Moi, Daniel Blake (2016), sur les manquements de l’aide sociale anglaise et le côté dévastateur de l’ultralibéralisme.

Ruben Östlund

C’est le petit dernier à entrer dans le gang des double Palmés. Le Suédois a conquis les cœurs des jurys avec l’humour narquois de ses satires s’attaquant aux ultra-riches, dans le milieu de l’art avec The Square (2017), sur une croisière de luxe dans Sans filtre (2022).

Bonus : Alf Sjöberg

Le réalisateur suédois a lui aussi récompensé deux fois la récompense suprême – mais à son époque elle s’appelait « Grand prix », la Palme d’or n’étant créée qu’en 1955. Il l’a eue pour Tourments (1946), sur un enseignant abusif, écrit par Ingmar Bergman, et pour Mademoiselle Julie (1951), adaptation de la pièce d’August Strindberg.