Christopher Nolan analyse la structure complexe de « Memento »

Dans cette archive d’Eyes On Cinema, le réalisateur explique, schémas à l’appui, comment il a pensé ce film fou construit à l’envers. Commencer par la fin. Billy Wilder l’a fait en ouvrant Boulevard du crépuscule par un plan montrant le cadavre flottant de son héros dans une piscine. Gaspar Noé l’a expérimenté avec son sulfureux


Dans cette archive d’Eyes On Cinema, le réalisateur explique, schémas à l’appui, comment il a pensé ce film fou construit à l’envers.

Commencer par la fin. Billy Wilder l’a fait en ouvrant Boulevard du crépuscule par un plan montrant le cadavre flottant de son héros dans une piscine. Gaspar Noé l’a expérimenté avec son sulfureux Irréversible, entièrement monté à l’envers. Mais c’est sans doute Christopher Nolan qui remporte la Palme des plus belles inversions temporelles – ex aequo avec David Lynch, qu’on soupçonne carrément de vivre dans une dimension spatio-temporelle parallèle. En 2000, il réalise Memento, revenge movie paranoïaque à la chronologie inversée dans lequel un homme amnésique traquait l’assassin de sa femme. Le film a beau être dans tous les manuels de philo, personne n’a jamais complètement saisi sa structure narrative à rebours. Heureusement, on a retrouvé cette archive de Christopher Nolan réalisée par Eyes On Cinema, dans laquelle le réalisateur décortique sa construction complexe.

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Premièrement. Memento est entièrement construit sur la subjectivité de son héros principal Leonard Shelby, qui ne sait plus qui il est : cette perte d’identité contamine le spectateur, qui doit lui aussi perdre ses repères, moraux et temporels. Traduction : n’essayez pas de cerner le personnage, tout est fait pour que sa confusion devienne la vôtre. Deuxièmement. Pour ne pas vous perdre dans ce puzzle mental, raccrochez-vous aux séquences en noir et blanc. Contrairement aux scènes en couleur, elles reflètent la réalité (un concept qui chez Nolan est très très relatif et cache souvent des pièges, alors attention). Troisièmement. Pour Nolan évidemment, le temps n’est pas rectiligne. Il n’existe pas de point A allant au point Z, il n’y a que des points A ramenant infiniment au même point A (on vous laisse consulter le schéma tracé à la craie par Nolan pour illustrer ce concept). Pas sûr que ce cours magistral vous aide à tout comprendre des mystères métaphysiques de ce film sur la folie destructrice – il risque plutôt d’épaissir le brouillard – mais il peut servir de manuel de montage.