La grande saison des récompenses débutera officiellement le 28 février prochain avec la cérémonie des César, présentée cette année par Florence Foresti. Certains l’attendent avec impatience, d’autres la redoutent, car l’événement peut être synonyme du meilleur comme du pire -mais quand même plus souvent du pire. Heureusement, avant que les nommés définitifs soient désignés fin janvier, Arte a fait sa propre sélection et nous propose de voir en ligne 15 courts et moyens métrages soumis au vote de l’Académie des César 2020. Voici les trois qu’on vous recommande.
D’un château l’autre, Emmanuel Marre
Emprunté à Louis-Ferdinand Céline, le titre de ce documentaire -Bayard du meilleur court métrage et prix d’interprétation au FIFF Namur 2018- annonce déjà l’idée du film: décrire notre époque troublée, instable. Au printemps 2017, Pierre 25 ans, étudiant boursier dans une grande école, loge chez Francine, retraitée clouée dans un fauteuil roulant. Tout les oppose mais une chose va les amener à regarder dans la même direction: la kermesse électorale de l’entre-deux tours présidentielle 2017. Ensemble, ils regardent ébahis un monde politique se disloquer, assistent interloqués aux shows pompeux de Marine Le Pen et Emmanuel Macron, discutent dans la cuisine de l’avenir du pays. Tourné sans argent, sans scénario, cette chronique contemporaine diagnostique avec justesse le désespoir des citoyens, mais raconte surtout la naissance d’une amitié improbable comme chemin pour renouer avec l’humanité. Le film est disponible ici.
Braquer Poitiers, Claude Schmitz
Le pitch paraît vieux comme le monde. Deux braqueurs amateurs, plus portés sur la farniente que sur la gâchette, décident de piller le propriétaire d’une station de lavage automatique de voitures. Improbable: ce dernier accepte (avec joie) de se faire voler, accueillant le duo de bras cassés qui ne tarde pas à rameuter leur copine. Le film de braquage tourne à la comédie de vacances façon Jacques Rozier, vire à l’utopie festive où les kidnappeurs deviennent complices de leur victime, où l’argent se partage à flot. Entièrement improvisé, le film célèbre la gouaille libératrice de ses acteurs -notamment celle de Wilfrid Ameuille, qui joue son propre rôle, et dont les monologues loufoques en font le véritable héros du film, et le maître du jeu de cette mascarade. Le film est disponible ici.
La Distance entre le ciel et nous, Vasilis Kekatos
C’est la nuit, sur une route nationale. Sous la lumière glauque des néons d’une station-service abandonnée, deux inconnus se rencontrent. Le premier est venu faire le plein d’essence, le second a besoin de 22 euros 50 pour prendre le bus et rentrer chez lui. Commence alors une longue drague inattendue, où chacun marchande le prix de ce qui les sépare d’une potentielle histoire. Palme d’Or du meilleur court-métrage à Cannes, ce film, tendu et net, n’a besoin que de neuf minutes pour créer en huis clos un fabuleux dialogue de visages. Filmé en plan serrés, ce court-métrage joue habilement des ruptures de ton entre séduction brusque et tendre, et rend à la langue grecque toute sa musicalité. Le film est disponible ici.
Image: Braquer Poitiers Copyright Capricci