« Ce Nouvel an qui n’est jamais arrivé » de Bogdan Mureşanu : ce qu’il reste de la révolution

Dans une ambitieuse forme romanesque, le réalisateur s’empare du séisme politique et initme que fut la chute de la dictature roumaine en 1989.


Ce nouvel an qui n'est jamais arrivé
© Memento Distribution

24 heures pour décrire la chute de la dictature de Ceaușescu, le basculement d’une Roumanie sclérosée vers la révolte. C’est l’ambition de ce premier film choral éclaté, gagnant de la section Orizzonti lors de la dernière Mostra de Venise, qui fait le choix d’emprunter des chemins de traverse intimes pour raconter la chute, le 21 décembre 1989, d’un Etat liberticide. Soit six personnages – dont deux particulièrement réussis, une actrice de théâtre forcée de faire la propagande du régime et un ouvrier – qui se débattent dans les tourments d’une histoire dont ils ignorent l’issue. Avec son format carré étouffant, une profusion de dialogue à la lisière du vertige, Ce Nouvel an qui n’est jamais arrivé assume une veine mélodramatique, tout en rappelant la contemporanéité de son propos.

Il y a un peu du Magnolia de Paul Thomas Anderson dans cette structure ambitieuse, pleine de ramifications qui égarent le spectateur, le malmène. Mais c’est surtout le resserrement temporel du récit, sa mise en scène tout en apnée – des zooms comme des tics de langage, une caméra à l’épaule documentaire, des discussions à huis clos filmées au plus près des visages, le recours à l’imagerie télévisuelle – qui font de cette comédie humaine un traité malin sur l’émancipation politique.  

Ce Nouvel an qui n’est jamais arrivé de Bogdan Mureşanu, Memento, 2h18, sortie le 30 avril