CANNES · « Scénarios » de Jean-Luc Godard : Le der des ders

[CRITIQUE] Dans la section Cannes Classics, Jean-Luc Godard est sorti de sa tombe pour tirer une belle révérence avec Scénarios, achevé la veille de sa mort volontaire. Il conclut ainsi une œuvre légendaire avec court métrage dissonant en forme d’adieu ludique et stimulant.


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L’an dernier, Jean-Luc Godard avait offert un “film annonce” en forme de carnet animé, avec photos et citations collées sur une vingtaine de feuilles A5. La veille de sa mort volontaire, le 13 septembre 2022, il a également donné à son équipe les consignes pour achever un ultime court métrage, Scénarios, dans lequel il renoue avec les montages de la dernière période de son travail, d’Histoire(s) du cinéma au Livre d’image

LA SEXTAPE · Que nous dit la scène d’ouverture du « Mépris » de Jean-Luc Godard ?

Sur le son d’un scanner couplé au souffle métronomique d’une sorte de machine industrielle, JLG remonte des extraits où des personnages sont exécutés ou victimes d’accidents mortels. L’horizon est funeste, et pour cause : avec Scénarios, découpé en deux parties qui se répètent à moitié (ADN d’un côté, et IRM de l’autre, comme le début et la fin des choses), Godard nous fait ses adieux. Son visage, pris en selfie et bardés des traits de couleurs, ouvre le film puis le referme, dans un tout dernier plan où il apparaît sur son lit, à deux doigt du trépas, sans délaisser toutefois son goût pour la facétie. Ses derniers mots à l’écran seront ceux d’une intrigante énigme à base de “cheval”, de “non-cheval”, et d’univers en forme de doigt. Joueur jusqu’au bout, il laisse derrière lui une œuvre immense et ludique qui restera à jamais en mouvement.

Image (c) Écran noir productions