Cannes 2025 : les premiers films de la sélection officielle vus à la loupe

Un vent de fraîcheur souffle sur la sélection officielle cannoise cette année, avec plein de premiers films ultra prometteurs et alléchants, pour la plupart choisis dans la section défricheuse Un Certain Regard.


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Charades

THE MYSTERIOUS GAZE OF THE FLAMINGO de Diego Céspedes

(Un Certain Regard)

À 30 ans, ce jeune cinéaste chilien a présenté deux courts à la Semaine de la critique (L’été du lion électrique, 2018, Les créatures qui fondent au soleil, 2022). Son premier long au titre intrigant lui vaut une sélection à Un certain regard, section propice à toutes les audaces. Dans The Mysterious Gaze of The Flamingo (« le regard mystérieux du flamand rose »), il nous plongera dans le Chili des années 1980, alors que l’épidémie du VIH-Sida sévit et que les habitants fantasment sur cette maladie. Deux frères sont vilipendés parce que soupçonnés d’être malades, et doivent vivre confinés – on pressent que le cinéaste affrontera ce passé difficile et occulté par le biais d’allégories puissantes.

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© Pathé

PARTIR UN JOUR d’Amélie Bonnin

(Film d’ouverture, hors Compétition)

En 2023, la cinéaste trentenaire remportait le César du meilleur court métrage de fiction pour sa comédie musicale Partir un jour (dispo sur Arte en ce moment). On découvrait alors son univers fun, coloré et nostalgique. Ce long métrage, qui a été choisi pour lancer les festivités cannoises, porte le même titre et renvoie à la même histoire, à ceci près que le point de vue est inversé. Alors qu’on suivait Julien (Bastien Bouillon), un romancier revenu dans sa ville natale après une longue absence, on s’accrochera cette fois au regard du personnage secondaire (mais essentiel) incarné par la pop star au charme vintage Juliette Armanet (bluffante) – qui joue le premier amour de Julien. On espère être aussi enchanté par le long – tout premier premier film projeté en ouverture de Cannes – qu’on l’a été par le court.

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MY FATHER’S SHADOW d’Akinola Davies Jr

(Un Certain Regard)

« Deux frères, Remi et Aki, partent en voyage avec leur père Folarin à Lagos. » Voilà le synopsis lapidaire du premier long métrage de ce cinéaste britannique, que tous les habitués de Sundance connaissent déjà, et qui cumule les jobs (il est aussi DJ, animateur de radio, et fondateur d’une discothèque – on comprend qu’il n’ait pas le time de développer ses synopsis). Au Royaume Uni et aux US, où il s’est fait remarquer avec son court Lizard (2021), on le considère comme un prodige du ciné expérimental. Celui qui a grandi entre Londres et le Nigéria dans une famille de producteurs de musique nous fera-t-il vibrer ? Rendez-vous à Cannes pour le savoir.

Urchin
Urchin

URCHIN de Harris Dickinson

(Un Certain Regard)

C’était l’un des secrets bien gardés de cette sélection. Le crush interdit de Nicole Kidman dans Babygirl passe derrière la caméra pour raconter l’histoire de Mike, « un sans-abri londonien » qui « tente de changer de vie », nous dit le synopsis. Une vibe très indé se dégage de la première image du film et du casting annoncé, plein de fraîcheur (Frank Dillane, vu dans la série Fear of the Walking dead, la Française Megan Northam, récemment appréciée dans Rabia, et l’Egyptien Amr Waked, repéré dans la série Ramy).

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© TriStar Pictures

ELEANOR THE GREAT de Scarlett Johansson

(Un Certain Regard)

Autre petit choc de cette sélection (même si on l’avait prédit dans notre top des films attendus) : le tout premier long métrage de la smart Scarlett Johansson, qui fait par ailleurs partie du casting étourdissant de The Phoenician Scheme de Wes Anderson (en Compétition). Après These Vagabond Shoes (2009), court-métrage fauché sur un newyorkais à la recherche d’un hot-dog réputé, l’actrice et réalisatrice américaine présente Eleanor The Great, dans lequel elle racontera l’histoire d’Eleanor Morgenstein, une femme de 90 ans qui tente de reconstruire sa vie à New York, après la mort de sa meilleure amie. Le premier visuel, qui montre la nonagénaire en majesté et contre-plongée à Coney Island, attise déjà notre curiosité.

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© MasterFilm

KARAVAN de Zuzana Kirchnerová

(Un Certain Regard)

Inconnue au bataillon, cette réalisatrice tchèque pourrait étonner. Dans Karavan, Zuzana Kirchnerová, 46 ans, racontera l’histoire d’une mère célibataire, qui doit s’occuper seule de son enfant, en situation de handicap mental. Sans autre choix, elle renonce à des vacances en solo tant désirées… On surveillera le film (dont les premiers visuels solaires laissent présager un récit loin de tout pathos) de cette cinéaste, autrice d’un court qui narrait la difficile de cohabitation entre trois générations de femmes et abordait le sujet difficile de l’euthanasie (Bába, 2009).

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© Element pictures

PILLION de Harry Lighton

(Un Certain Regard)

C’est l’un des premiers films qui nous intrigue le plus. Lui aussi totalement inconnu du public français, le Britannique Harry Lighton créé l’attente avec ce film porté par Alexander Skarsgård et Harry Melling, qui se présente sous un jour intense, original et légèrement sulfureux, en témoigne son synopsis : « Colin, un jeune homme sans histoire, rencontre Ray, le leader charismatique d’un club de motards. Il l’introduit dans sa communauté queer et fait de Colin son soumis. » D’après cette interview accordée à Redmond Bacon pour promouvoir un de ses courts, on sent que ce cinéaste fera tout pour sortir des sentiers battus.

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© Nomadis Images

AISHA CAN’T FLY AWAY de Morad Mostafa

(Un Certain Regard)

Au Caire, livrée à elle-même, Aisha, migrante somalienne, survit, malgré des tensions entre Egyptiens et groupes africains qu’ignorent les autorités, absentes. Sans autre choix, elle demande la protection d’un gang dangereux. Repéré à la Berlinale et à Locarno, l’Egyptien Morad Mostafa a déjà trois courts à son actif, dont I promise you paradise, présenté à la Semaine de la critique en 2023, et qui évoquait aussi le sort tragique des personnes migrantes venues d’Afrique dans son pays. Vu cette image sanglante, on flaire un premier long percutant, sur un sujet trop peu traité au cinéma.

THE PLAGUE de Charlie Polinger

(Un Certain Regard)

On zyeute aussi de près ce film signé par le cinéaste et scénariste américain Charlie Polinger, dont le court Fuck Me, Richard (2023), une sombre histoire d’escroquerie amoureuse coréalisée avec Lucy McKendrick,  a été montré dans plusieurs festivals anglosaxons. On demande à voir ce premier long sur « un adolescent maladroit » qui « subit la hiérarchie impitoyable au sein d’un camp de water-polo », dont le casting (Joel Edgerton, les jeunes Everett Blunck et Elliott Heffernan, repéré dans l’impressionnant drame Blitz de Steve McQueen) nous plaît beaucoup.

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