Blow Up analyse la musique chez Todd Haynes

À l’occasion de la sortie de Dark Waters, réquisitoire écolo contre l’impunité de l’industrie chimique, Blow-Up nous propose un juke-box confectionné à partir de la B.O. des films du réalisateur. Chez Todd Haynes, la musique cueille les sentiments naissants encore non verbalisés -elle monte progressivement lorsque Rooney Mara découvre le visage immortalisé de Cate Blanchett


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À l’occasion de la sortie de Dark Waters, réquisitoire écolo contre l’impunité de l’industrie chimique, Blow-Up nous propose un juke-box confectionné à partir de la B.O. des films du réalisateur.

Chez Todd Haynes, la musique cueille les sentiments naissants encore non verbalisés -elle monte progressivement lorsque Rooney Mara découvre le visage immortalisé de Cate Blanchett sur la pellicule dans la chambre noire de Carol, ou donne vie par touches délicates aux animaux dans le muséum d’histoire naturelle du Musée des merveilles. Elle est aussi une affaire de variations infimes, de thèmes semblables mais jamais similaires qui impriment les élans du coeur, comme dans Carol, où le Easy Living de Billie Holiday est d’abord entendu dans sa version originale, puis joué au piano. Ou encore dans Superstar: The Carpenter Story, premier moyen-métrage du réalisateur dans lequel il évoquait, à l’aide de poupées Barbie, le destin brisé de Karen Carpenter, chanteuse des Carpenters décédée à 32 ans des suites d’une anorexie. On y entendait résonner, comme un adieu dans la nuit, le titre We’ve Only Just Begun, aux paroles tristes mais étrangement apaisées.

 

Les films de Todd Haynes ne sont pas traversés que de mélodies suaves old school, mais aussi de morceaux pop qui témoignent de la scène underground des années 1970. On se souvient de Brian Slade (Jonathan Rhys-Meyers), pop-star inspirée de David Bowie dans Velvet Goldmine, ode désespéré et pailletée au glam-rock, dont chaque flash-back musical devient prétexte à des performances vocales pleines de sueur. Mélomane obsessionnel, Todd Haynes en viendra même à disséquer le mythe de Bob Dylan dans I’m Not There, biopic éclaté sur les facettes multiples de cet icône folk qui a navigué entre rock rebelle et balades romantiques. La preuve évidente que chez Haynes, la musique conduit plus vite à l’âme opaque des êtres.