#BlackCesars : Une tribune alarmante sur le manque de diversité dans le cinéma français publiée dans « Le Parisien »

Écrite sous l’impulsion de l’acteur Eriq Ebouaney, cette tribune publiée dans Le Parisien hier critique le manque de diversité du cinéma français. Un texte aussi court qu’incisif, signé par une trentaine de professionnels de l’industrie. Après la polémique concernant J’Accuse (2019) de Roman Polanski et la crise aux César (décryptée ici), c’est une nouvelle tempête


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Écrite sous l’impulsion de l’acteur Eriq Ebouaney, cette tribune publiée dans Le Parisien hier critique le manque de diversité du cinéma français. Un texte aussi court qu’incisif, signé par une trentaine de professionnels de l’industrie.

Après la polémique concernant J’Accuse (2019) de Roman Polanski et la crise aux César (décryptée ici), c’est une nouvelle tempête qui secoue actuellement le monde du cinéma français. Signée par une trentaine de personnalités du cinéma, dont Salim Kechiouche, Aïssa Maïga, Stomy Bugsy ou encore Olivier Assayas, une tribune parue en exclusivité dans Le Parisien dénonce le cruel manque de diversité dans le cinéma français. Le comédien Eriq Ebouaney (vu dans Femme Fatale et Domino de Brian De Palma ou encore 35 Rhums de Claire Denis) est à l’initiative de cette diatribe, dans laquelle il formule l’idée que le cinéma est « comme Stendhal le disait du roman, un miroir dans lequel se reflète la société dans sa réalité et sa diversité ». 

Une note d’intention politique, impulsée par la tribune du Monde au sujet du fonctionnement opaque et élitiste de l’Académie des César, signée entre autres par Jacques Audiard, Bertrand Bonello, Pascal Bonitzer et Robert Guédiguian. Outre le fait qu’il y pointe le fonctionnement schizophrénique d’un cinéma français « qui nomme Spike Lee, un réalisateur et producteur afro-américain, président du jury du prochain Festival de Cannes »  tout en maintenant « ses acteurs de couleur dans des rôles insignifiants qui ne justifieront jamais une quelconque nomination aux César« , Eriq Ebouaney appelle à prendre exemple sur les industries étrangères :

« Aujourd’hui, il n’est plus question, pour tous les professionnels du cinéma issus des immigrations et d’Outre-mer, d’être assignés aux rôles secondaires et stéréotypés auxquels on les a longtemps cantonnés. Le cinéma anglo-saxon confie des rôles de premier plan à tous ses acteurs sans distinction de couleur ou d’origine et sans que cela ne nuise à sa qualité, bien au contraire ! »

Comme il le rappelle très justement dans sa tribune, les récents succès au box-office des films Il a déjà tes yeux de Lucien Jean-Baptiste et Les Misérables de Ladj Ly ont prouvé que le public est « bien plus en avance sur cette question de la représentation des minorités sur nos écrans que les institutions du cinéma français. » Un signal d’alerte militant, dans lequel l’acteur pointe une corrélation entre le manque de représentations des artistes issus des Outre-mer, de l’immigration d’origine africaine et asiatique dans la fiction, et les injustices omniprésentes dans notre société : « Cette invisibilité des acteurs, réalisateurs et producteurs issus de cette frange de la population accentue le malaise et le sentiment d’exclusion déjà vécu dans la vie réelle ». Avec pour maître-mot « l’inclusion », l’acteur appelle à un renouvellement politico-artistique : « Il est temps d’ouvrir les portes et les fenêtres du cinéma français. Car le talent, comme l’émotion, n’a pas de couleur. »

En 2014, lors de la 25ème Cérémonie des César, le comédien Luc Saint-Eloy et la romancière Calixthe Beyala avaient déjà dénoncé ces injustices dans un très beau discours qui nous rappelle, à la veille de cette nouvelle cérémonie, à quel point cette cause s’inscrit dans notre actualité :

Image : Copyright Bac Films

Esteban Jimenez