« Toute mon enfance, j’ai aimé les pique-niques ! Souvent, le week-end, on allait en forêt près de Paris avec mes parents, avec des paniers, pas des sandwichs dedans, mais plutôt des tranches de jambon, ou un poulet découpé, sans oublier la moutarde de Dijon, du fromage, des fruits, du pain de campagne, un couteau suisse, des verres en verre et une bouteille d’eau, une nappe et des couvertures, et une bouteille de vin rouge. Sur cette photographie prise par Marilù Parolini (sûrement vers 1963-64), on voit les deux Jacques : Rivette et Demy.
ARCHIVE : souvenir de tournage du « Bonheur » d’Agnès Varda
J’aimais beaucoup Jacques Rivette, il avait connu Marilù aux Cahiers du cinéma où elle travaillait comme secrétaire, et ils s’étaient mariés. Il avait déjà réalisé Paris nous appartient. Malgré son abord un peu sec, petit, maigre et sérieux, il me parlait comme si j’étais une grande personne et trouvait toujours quelque chose à partager avec moi. Je savais qu’il faisait partie de « la bande des Cahiers » (sans savoir ce que cela voulait dire), comme disait Marilù, elle qui était tout le contraire, exubérante, passionnée et joyeuse : un soleil italien dans nos vies. Je me souviens de ses tenues souvent noires avec toujours un grand châle ou une écharpe. J’adorais sa voix un peu rauque et grave… De secrétaire, elle est devenue photographe de plateau (elle a travaillé avec Agnès Varda sur le film Les Créatures) et scénariste, non seulement avec notre ami Rivette, mais aussi avec Bernardo Bertolucci.
Quand je vois ces deux metteurs en scène en costume de ville pour une partie de campagne, c’est amusant ! D’autant plus que ces deux-là vouaient une passion à Jean Renoir. Gardons une belle citation de Rivette : le cinéma, “c’est forcément une interrogation sur la vérité avec des moyens qui sont forcément mensongers.” »
Image (c) Marilù Parolini – Ciné-Tamaris