Archive : les films à emporter sur une île déserte selon Serge Gainsbourg, Jean-Luc Godard ou Claude Sautet

Une compilation touchante, parfois surprenante, qui donne une envie boulimique de cinéma, et confirme ce cliché délicieux : on ressemble souvent aux films que l’on aime.


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Une compilation touchante, parfois surprenante, qui donne une envie boulimique de cinéma, et confirme ce cliché délicieux : on ressemble souvent aux films que l’on aime.

« Si demain vous étiez isolé quelque part, sur une île déserte par exemple…C’est de la fiction, mais quel film emporteriez-vous avec vous? » Si vous vous êtes déjà prêté à ce jeu d’imagination cinéphile, sachez que vous n’êtes pas les seuls. En ces temps de confinement où la fiction a rattrapé la réalité, l’INA a réalisé un mash-up d’interviews à la fois cocasse et touchant, dans lequel des personnalités publiques se confient sur leurs coups de coeur de jeunesse.

Bien qu’on ne pense pas qu’il ait du souvent partir en vacances sur une île déserte, c’est Valéry Giscard d’Estaing qui ouvre le bal avec un choix classique, un peu vieille France, mais bien-sûr magnifique: Les Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné. Et il est vrai que malgré sa tristesse diffuse, son histoire d’amour mélancolique, ce chef-d’oeuvre du réalisme poétique porté par les voix tendres de Maria Casarès et Arletty est toujours d’un réconfort étonnant. Changement de style avec Serge Gainsbourg. Nettement plus rebelle, il a choisi Scarface (1932) de Howard Hawks…qu’il aurait vu à l’âge de six ans. Ah oui, quand même.

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Pour Jean-Luc Godard, retour aux origines : pourquoi aller chercher vers des oeuvres contemporaines alors que toute la puissance moderne du 7e était déjà contenue dans L’Arrivée d’un train en gare de la Ciotat des Frères Lumière? La Palme de la nonchalance revient à Jean-Pierre Mocky, qui a élu L’île nue de Kaneto Shindō meilleur film du monde « parce qu’il n’y a rien ». « C’est des mecs qui transportent de l’eau. Et le drame, c’est quand on a renversé l’eau. C’est rien, y’a rien, y’a de l’eau, un mec qui a pas d’eau pour arroser ses carottes ». Absence d’artifices, de dialogues, image en noir et blanc tirant vers l’épure jusqu’à l’abstraction : personnellement, on trouve que cette esthétique ascétique et méditative colle bien à l’ambiance du moment.

Au détour d’enregistrements grésillants et de voix comme sorties d’un autre temps, on apprend que Leslie Caron a pleuré devant Les 400 coups de François Truffaut, qu’Autant en emporte le vent de Victor Fleming a bouleversé Johnny Hallyday, que Claude Sautet a vu trois fois dans la même journée au Champo Le Jour se lève de Marcel Carné (encore lui !), et qu’Antoine de Caunes ne peut se résoudre à choisir entre Les Ensorcelés de Vincente Minnelli et L’Aventure de madame Muir de Joseph L. Mankiewicz.

 

Image : Jean-Luc Godard par  Philippe René Doumic