Dans Antoine et Colette (1962), suite directe des 400 coups, Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) passe de gamin rebelle à ado romantique et maladroit. Dans ce court initiatique, visible jusqu’à mercredi prochain sur mk2 Curiosity, l’alter ego de François Truffaut vit sa première déception amoureuse en musique.
Mise à jour le 13/05/ 2020. Ce film n’est désormais plus accessible. Découvrez les films offerts sur mk2 Curiosity en cliquant ici
Quand il reçoit la première lettre de celle qu’il aime, Antoine augmente le volume de son tourne disques. Antoine et Colette, qui dans la célèbre saga Doinel fait la transition entre Les 400 coups (1959) et Baisers volés (1968), suit les mésaventures amoureuses de son protagoniste exalté à coups de mélodies qui l’inspirent ou l’aiguillonnent. Juste après avoir réalisé Jules et Jim, François Truffaut retrouve Doinel à l’occasion du film à sketchs L’amour à 20 ans (qui réunit aussi les films d’Andrzej Wajda, Renzo Rosselini…), une commande, et conserve l’esprit spontané de la mélopée « Le Tourbillon de la vie » chanté par Jeanne Moreau dans son précédent long métrage, soit une attitude lyrique face à la vie et l’amour, appréhendés dans un tempo intense et pas forcément harmonieux.
À LIRE AUSSI >> Truffaut débarque sur Netflix, les 5 films indispensables pour découvrir le maître de la Nouvelle Vague
Vivant d’un petit boulot (le premier d’une longue série pour Doinel) dans une maison de disques, le jeune homme mutin et désormais indépendant vit sa bohème parisienne de manière un peu anachronique : quand les ados des sixties squattent les juke-box des cafés parisiens, il affiche sur les murs de sa chambre d’hôtel place de Clichy des portraits de musiciens classiques et semble en tirer une certaine hauteur qui pourrait lui donner un air arrogant s’il n’était pas aussi doux et gaffeur.
Fréquentant les « Jeunesses de musicales de France », un club de mélomanes, il rencontre Colette (Marie-France Pisier), jeune fille qui habite son quartier, lors d’un concert saisi par Truffaut comme un ballet à la dramaturgie ultra réglée, où le rythme saccadé du montage, mais aussi chaque geste, chaque œillade entre Antoine et Colette répondent aux notes en crescendo de la symphonie à laquelle les deux ados ne prêtent pas grande attention. Malheureusement pour Antoine, Colette se désintéressera vite de lui, préférant la musique des surprises parties à ses sérénades de gamin gouailleur qui commence à muer dans une singulière musicalité perchée. Avec émotion, on reconnaît d’ailleurs vaguement le timbre décalé et fantasque d’un des plus grands acteurs français, Jean Pierre Léaud, qui cherche encore et trouve presque sa voix d’acteur.
Image de couverture : © mk2 Films