Elle déboule au pas de course, au milieu d’une journée qui en contient cent – elle gère seule tous les détails de la sortie de son premier long, le documentaire Ouvrir la voix . Diplômée de Sciences Po Lyon (où elle a grandi), cinéphile érudite, militante afroféministe infatigable, cette trentenaire hyperactive a d’abord essayé d’être comédienne puis scénariste, à Paris, avant de renoncer face à l’absence de rôles non stéréotypés.
Une désillusion qui l’a poussée à s’exiler à Montréal (où elle boucle une maîtrise de socio), mais aussi à réaliser Ouvrir la voix. «L’idée était de filmer plein de femmes noires, en gros plan, pour suivre leur pensée en mouvement et prouver qu’on peut bien éclairer les peaux noires. Comme ça, on pourra se poser la vraie question: pourquoi ces filles-là ne sont pas dans les fictions?» Question à laquelle elle compte bien répondre en passant elle-même à la fiction, pour un film de gangsters ou un rape and revenge movie, «genre qui se prêterait tellement bien au féminisme!»