Le portrait incandescent d’une Egypte gangrenée par l’autoritarisme.
Le « printemps arabe » est passé et la révolution a été bravement menée. La jeune Amal, une forte tête qui aime invectiver la police, y a perdu son petit ami. Sa colère, partagée avec celle d’un peuple prêt à tout enflammer pour faire valoir ses droits, est le point de départ de ce passionnant documentaire de Mohamed Siam. Retraçant l’évolution du pays, de sa fièvre post-Tahrir à sa situation actuelle, par l’entremise d’un portrait au long cours (six ans de tournage en plus d’archives vidéo d’Amal enfant), le documentariste explore les paradoxes d’une Égypte divisée par son appétence pour le désordre et l’autoritarisme. Ainsi, la trajectoire personnelle d’Amal – passée des rangs des révoltés à ceux des forces de l’ordre – reflète autant cette dichotomie collective qu’elle est le résultat d’une profonde désillusion. Malgré cette impossibilité d’entretenir la flamme révolutionnaire, la jeune femme continuera pourtant de tenir tête aux instances d’un pouvoir encore plus pernicieux : celui du patriarcat. C’est que sa résignation politique cache la persistance d’une assurance féministe qu’aucun drame familial, aucune révolution sociale, aucun régime religieux ou militaire n’aura réussi à altérer.
Amal, de Mohamed Siam Juste (1 h 23). Sortie le 20 février