Disponible sur le plateforme HENRI (Cinémathèque française) jusqu’au 11 juillet, ce documentaire explore en profondeur le mélange de joie et de douleur du peuple algérien juste après la proclamation de l’indépendance.
À quoi ressemblait l’Algérie, au lendemain de la proclamation de son indépendance, en 1962 ? Passionnés par ce qui jaillit des méandres de l’histoire, les cinéastes et militants anticolonialistes Marceline Loridan-Iven (disparue en 2018) et Jean-Pierre Sergent s’y sont rendus cette année-là pour radiographier l’état de ce pays qui a arraché sa liberté au terme d’un conflit complexe, sanglant et encore aujourd’hui traumatisant.
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Avec leur caméra, tous deux ont sillonné les rues escarpées d’Alger, enregistré l’atmosphère étrange qui se dégage de la ville, comme sonnée par cette guerre qui laisse encore des marques, jusque sur les murs – dans une séquence frappante, aussi efficace qu’un tir bien ciblé, les deux cinéastes montrent en rafales des images de tags et d’affiches conspuant l’OAS et l’action du gouvernement français.
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Ce court mais foisonnant documentaire, qui remonte plus loin dans l’histoire et explique notamment la grande implication des berbères pendant la guerre, saisit aussi sur le vif l’immense difficulté pour les Algériens de rebâtir, par eux seuls et du jour au lendemain, une économie, un gouvernement et une paix sociale viables dans ce pays qui, pendant longtemps, ne leur appartenait plus. Ce vide politique, la peur de ne pas retrouver d’emploi, aura poussé certains d’entre eux à s’installer en France. Un acte lourd, aussi bien symboliquement que dans ses conséquences concrètes, qu’il est temps de réétudier aujourd’hui, à l’heure où le gouvernement algérien dit attendre des excuses de la part de la France pour la colonisation.
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Le film est à voir gratuitement jusqu’au 11 juillet ici.