Décrivez-vous en 3 personnages de films.
Jeanne dans Le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson, pour sa naïveté, sa force, sa foi ; elle était hardie, elle ! Ensuite, peut-être une héroïne hitchcockienne. J’aime tellement Alfred Hitchcock que j’ai créé une chemise que j’ai appelée « Soupçons », comme si je la destinais à Joan Fontaine dans ce film. Et enfin John Harper dans La Nuit du chasseur de Charles Laughton. Je me retrouve assez dans son côté enfant adulte.
3 rencontres de cinéma ?
Je me souviens que, vers mes 17 ans, j’ai rencontré Kenneth Anger au Café de Flore. Il venait je crois d’écrire Hollywood Babylone et il avait des cheveux noirs magnifiques. J’expose ses travaux plastiques à La Fab. Il y a aussi Quentin Tarantino. Quand il préparait Reservoir Dogs, il a envoyé son habilleuse dans la seule boutique que j’avais à Los Angeles pour acheter mes costumes noirs. Par la suite, on a continué à travailler ensemble, j’ai fait la chemise blanche d’Uma Thurman et la veste noire avec le col en cuir que porte John Travolta dans Pulp Fiction. Dix ans après, il m’a demandé de lui refaire la même… Je peux aussi parler de mon grand ami Harmony Korine. Je l’ai caché pendant deux années dans un petit studio, il voulait échapper à New York, à tout ce bordel. Il n’y avait que Claire Denis et Leos Carax qui étaient au courant.
3 films de votre jeunesse ?
Les Belles de nuit de René Clair. Ma mère, tout en étant bourgeoise, était quelqu’un d’un peu déjanté. Elle nous a emmenées voir le film avec ma sœur quand j’avais 10 ans. Tout à coup, Gérard Philipe embrasse Gina Lollobrigida et, là, elle s’est levée et a dit : « Je ne veux pas que vous me voyiez voir ça ! » La phrase m’est restée. Sissi impératrice d’Ernst Marischka : les gens trouvaient que je ressemblais à Sissi quand j’étais petite. Puis enfin Si Versailles m’était conté de Sacha Guitry. Je suis née à Versailles, et je dessinais beaucoup le parc du château, auquel j’étais accro. Je faisais du vélo à fond autour du Grand Canal quand j’avais du chagrin, j’avais les larmes froides qui coulaient le long des oreilles.
3 fois où les arts plastiques ont rencontré le cinéma pour faire des étincelles ?
Le Mystère Picasso d’Henri-Georges Clouzot, c’est fascinant. Francis Bacon, peintre anglais de Pierre Koralnik. Alors qu’il est filmé dans son atelier, Bacon essaye d’échapper à l’interview en reculant, il se tortille dans tous les sens, on dirait presque un de ses tableaux. Puis tous les documentaires incroyables de Martin Scorsese sur le rock, peut-être particulièrement The Last Waltz.
3 jeunes cinéastes que vous aimeriez soutenir ?
Ladj Ly, Julie Bertuccelli, puis… j’aimerais bien que vous m’en conseilliez d’autres !
Photographie : © Kazou Ohishi