Intérieur nuit, une minuscule salle d’un restaurant kebab qui s’appelle « Les mille et une nuits ». Guillaume, Cyprien et Victor sont attablés, les trois copains sont présentés comme inséparables. Seulement, voilà, on ne reverra plus Victor, qui attend son premier enfant. L’annonce de la grossesse signale le délitement futur du groupe, qui fatalement, survivra moins bien à ses soirées décadentes avec un bébé dans les pattes…
C’est alors aux tentatives de sauvetage du groupe de trentenaires que l’on assiste, sous forme de chroniques anecdotiques, racontées au fil des mois (février, juin, septembre). Guillaume (Raphaël Quenard) et Cyprien (Aurélien Gabrielli, très juste), perdus chacun de leur côté, s’embrouillent en tentant de comprendre les filles. Le deuxième se remet difficilement d’un chagrin amoureux. Guillaume, quant à lui, est coincé dans un déni tenace…
Le récit se métamorphose peu à peu en histoire de fantômes, ceux de l’enfance, ceux des absents. Assis sur un banc devant un terrain de jeux, Cyprien voit un enfant descendre le long du toboggan. Dans la nuit, comme un mirage, cette apparition nous alerte sur l’état du jeune homme, rongé par les idées noires.
Le court-métrage d’Élie Girard célèbre ces amis qui toujours finissent par se retrouver, dans le creux d’un moment incertain ou au détour d’une mauvaise blague. Sans trop verser dans la nostalgie, le cinéaste prometteur révèle l’art de « glander dans des squares vides » et célèbre la sensibilité masculine.
: Les mauvais garçons de Élie Girard (39 min), 2020, disponible sur arte.tv jusqu’au 20 mars 2022.