François Truffaut disait de lui qu’il avait « inventé le western, et peut-être engendré le cinéma lui-même« . Grand artisan des studios hollywoodiens, John Ford a aussi laissé derrière lui une oeuvre personnelle, traversée par les doutes de la nation américaine, qu’il a autant célébrée que questionnée. Une ambivalence que le réalisateur Jean-Christophe Klotz nous propose d’explorer dans un documentaire passionnant, L’homme qui inventa l’Amérique, disponible sur Arte jusqu’au 15 mai.
En explorant minutieusement tous les aspects, même les moins connus, de la filmographie de Ford, le documentaire parvient à dresser un portrait complexe de celui qui filma l’Amérique comme une nation à la fois idyllique et gangrenée par son passé violent. Sous le fantasme de la Monument Valley se dessine le constat amer d’une société archaïque qui doit encore progresser: remplacer la loi du Talion par la justice dans L’Homme qui tua Liberty Valance, accepter l’Indien comme un égal dans La Prisonnière du désert. Entremêlant archives, interviews de spécialistes et séquences tournées dans l’Ouest, le documentaire s’emploie à décrypter les enjeux, encore très contemporains, de cette oeuvre inépuisable. A voir sur Arte jusqu’au 15 mai.