Devant la galerie Cinéma, dans laquelle avait lieu jusqu’à fin janvier une exposition de photographies de Danielle Arbid intitulée « Exotic Girls », Manal Issa nous attend pour l’interview. Dans son dos, derrière la vitre, un portrait d’elle, les yeux frondeurs, accueille les visiteurs. Si la réalisatrice de Peur de rien l’a choisie pour le premier rôle du film (et comme figure centrale de son exposition), c’est parce qu’elle a connu, comme son personnage, l’épreuve de l’exil. « J’ai déménagé du Liban à Angers en 2006 suite au conflit israélo-libanais. En arrivant ici, j’avais l’impression que les Français n’avaient rien vécu », dit-elle, tout en nous faisant visiter la galerie. Si sa carrière d’actrice semble bien engagée (on la retrouvera en 2016 dans le prochain Bonello, Paris est une fête, avec notamment Vincent Rottiers), la jeune femme ne pensait pas du tout devenir comédienne – elle a été repérée sur Facebook par la directrice de casting de Peur de rien alors qu’elle sortait d’une prépa en ingénierie industrielle à Angers. Quand elle n’est pas en France pour ses auditions, elle exerce d’ailleurs le métier d’ingénieure à Beyrouth, où elle vit dans un squat avec des musiciens syriens. « Là-bas, il n’y a pas de contrat, donc je suis libre de partir quand bon me semble », affirme-t-elle, précisant qu’elle aimerait intégrer un master en robotique cette année. En attendant, elle écrit un film de fiction sur les maladies mentales (un sujet qui l’intéresse beaucoup) qu’elle n’est pas sûre de mener à son terme. « Je le fais pour me faire du bien. » Pour Manal Issa, il s’agit de tout envisager, au jour le jour.
Peur de rien
de Danielle Arbid (2h)
avec Manal Issa, Vincent Lacoste…
Sortie le 10 février