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À revoir sur Arte : « Violette Nozière » de Claude Chabrol
- Léa André-Sarreau
- 2019-06-25
Inspiré d’un fait divers qui défraya la chronique, le film sorti en 1978 a valu une interprétation féminine au Festival de Cannes à Isabelle Huppert.
Premier grand rôle d’un long répertoire marqué par l’ambiguïté et la perversité pour Isabelle Huppert, mais aussi première collaboration fusionnelle avec Claude Chabrol, Violette Nozière est à revoir sur Arte en version restaurée jusqu’au 30 juin. Dans ce drame social troublant, inspiré d’un fait divers sordide que le réalisateur transforme en examen clinique sur la nature humaine, l’actrice interprète une adolescente prisonnière des carcans de son époque (les années 1930) et de la mesquinerie des ses parents, qui trouve dans la prostitution un moyen de se libérer et une source de fantasmes. Après avoir attrapé la syphilis, elle convainc ses géniteurs de l’hérédité de la maladie pour leur faire prendre un médicament qui en réalité les empoisonne peu à peu…
Loin du réquisitoire judiciaire manichéen – même si le film s’attache à critiquer la peine de mort -, Violette Nozière montre la monstruosité comme l’humanité d’une héroïne qui se dérobe sans cesse à notre jugement. Manipulatrice au visage d’ange ou victime d’une petite bourgeoisie étriquée, on ne connaîtra Violette qu’à travers le dédale de flash-backs ambivalents habilement menés par Chabrol dans des décors déliquescents.