Faussement désinvoltes, les errances sentimentales savamment chorégraphiées par le réalisateur dans ce deuxième long-métrage sont à revoir en ligne.
Après J’ai tué ma mère et juste avant Laurence Anyways, Xavier Dolan a réalisé un deuxième film cruel et sophistiqué sur les ardeurs déçues et le désir non réciproque. Dans Les Amours Imaginaires, disponible sur Arte jusqu’au 30 septembre, il est question de séduction avortée, de fantasmes maladifs et fétichistes. Francis (Xavier Dolan) et Marie (Monia Chokri), amis inséparables, tombent un jour amoureux d’un apollon aux boucles dorés, séducteur narcissique qui s’amuse à les éconduire (Niels Schneider).
Un triangle amoureux au-dessus duquel plane l’illusion sentimentale chère à Flaubert, à laquelle Dolan donne des airs d’utopie impossible, obsédé par cette idée foncièrement romantique : comment peut-on se perdre dans les filets d’un amour inavoué devenu pathologique? Les Amours imaginaires a toutes les qualités d’un film de l’entre-deux : Dolan commence à y déployer sa virtuosité technique (longs plans-séquences où fusent comme des couteaux les répliques, ralentis plastiquement impeccables et B.O pop nostalgique) sans s’y perdre, en la contrebalançant avec des séquences plus froides, où des inconnus décortiquent face caméra les rouages du délire amoureux.
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