Arte propose de revoir jusqu’au 21 août cette fresque amère dans laquelle une histoire d’amour contrariée accompagne les mutations complexes de la Chine contemporaine.
Still Life, A Touch of Sin… On sait que Jia Zhangke aime se faire rencontrer les destins solitaires et les drames collectifs, entremêler les époques et les lieux, dans de grandes fresques romanesques aux accents politiques. Dans Au-delà des montagnes, le réalisateur chinois offre un de ses plus beaux arcs temporels, couvrant sur trois époques (1999, 2014, 2025) un marivaudage amoureux. Dans une province reculée, Tao hésite entre deux hommes qui la courtisent. L’un est un mineur introverti, l’autre propriétaire ambitieux d’une station-service, et par peur de l’avenir, Tao épouse le second.
Des années plus tard, alors que la jeune fille a divorcé et qu’elle garde seule son fils, ils se recroiseront au hasard de la vie. Jia Zhangke donne à ce mélodrame une amertume singulière, et fait de ses héros les gardiens d’une mémoire, celle de la Chine d’avant le libéralisme économique. Sous ses faux airs classiques, Au-delà des montagnes est aussi une tentative audacieuse de penser l’avenir via le genre de la science-fiction grâce à un dernier segment temporel futuriste, et accorde magnifiquement les mouvements de l’âme à l’harmonie sans cesse menacée des paysages.
Image: Copyright Ad Vitam
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