La réalisatrice évoque la matière sonore de ses films, les rencontres décisives de sa carrière et son goût pour les non-dits au cinéma.
Suite de la programmation estivale de la Cinémathèque sous l’égide des plus grands réalisateurs. Après Brian De Palma, c’est Claire Denis qui, en 2017, à l’occasion de la rétrospective qui lui était consacrée, venait partager sa vision intuitive et autodidacte du cinéma. Discussion généreuse et intime plus que leçon magistrale, l’intervention revient sur son enfance en Afrique et ses premiers émois cinéphiles (Soudain l’été dernier et sa sensualité sourde notamment), son travail auprès de Wim Wenders et Jim Jarmusch, des cinéastes pour qui la puissance de l’image et du son surplombe les dialogues et le scénario, son exigence de renouvellement grâce à l’exploration de différents genres, son goût pour l’ellipse. Elle revient aussi sur la conception passionnante de Trouble Every Day, inspirée par Faulkner, la réception houleuse du film à Cannes, son désir d’outrepasser les limites de la bienséance, de son attachement à Christine Angot avec qui elle a écrit Un Beau soleil intérieur. Une masterclass qui nous plonge aussi dans les techniques de tournage de la réalisatrice : comment faire naître l’érotisme à l’écran, transformer le tabou en sensualité, diriger les comédiens sans les contraindre? On ne retiendra qu’une phrase pour résumer ce dialogue passionnant: « La portée des images est tellurique ».