Selon une étude du Centre d’études des femmes dans la télévision et le cinéma de l’Université d’État de San Diego, Hollywood a fait appel à un nombre record de femmes pour diriger de grosses productions en 2020.
Publié chaque année depuis 23 ans, le Celluloid Ceiling Report – étude la plus ancienne et la plus complète sur l’emploi des femmes dans les coulisses du cinéma, publiée par le Centre d’études des femmes dans la télévision et le cinéma de l’Université d’État de San Diego – suit minutieusement l’évolution et la répartition du recrutement pour les femmes à Hollywood. Chiffres et diagrammes à l’appui, ce rapport met en évidence le « plafond de verre », barrière invisible qui empêche les femmes d’accéder à des postes à responsabilité dans l’industrie du cinéma.
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Cette année, le phénomène de sous-représentation des femmes dans ce secteur semble légèrement baisser, puisqu’Hollywood a fait appel à un nombre record de femmes pour prendre les rênes de productions importantes en 2020. Un constat appuyé par une augmentation du pourcentage de réalisatrices : sur les 250 plus gros films à gros budgets générés en 2020, 18% d’entre eux ont été réalisés par des femmes, contre 8% en 2019 et 13 % l’année précédente. Si l’on rétrécit l’échelle d’étude aux 100 films les plus rentables de l’année, le chiffre descend à 16%, contre 12 % de 2019 et 4 % de 2018. Parmi les figures importantes qui ont contribué à cette hausse, citons Patty Jenkins, aux commandes de Wonder Woman 1984 (diffusé directement sur HBO Max), Cathy Yan à la réalisation de Birds of Prey, spin-off sur Harley Quinn, mais aussi Cate Shortland pour Black Widow et Eternals et Nomadland
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Mais cette amélioration ne doit pas cacher la sous-représentation toujours tenace des femmes dans certains corps de métiers. D’après l’étude, plus l’on descend dans la hiérarchie, plus ces dernières se font rares. Si 28 % des femmes occupent des postes de productrice, et 21 % productrice exécutive (soit une augmentation de deux points), elles ne sont que 18 % à être monteuses, 12 % à être scénaristes et 3 % à être directrice de la photographie. 67 % de projets n’emploient que zéro à quatre femmes dans des postes clés, et l’étude souligne également que les films mis en scène par des réalisatrices sont beaucoup plus susceptibles d’engager des femmes à ces postes cruciaux.
Ainsi, 53% des scénaristes sont des femmes dans les films dirigées par des réalisatrices, tandis que dans les films réalisés par des hommes, les femmes représentent 8% des scénaristes. On retrouve 39% de monteuses dans les films réalisés par des femmes contre 18% dans ceux des réalisateurs, et 13% de compositrices dans des films de réalisatrices, pour seulement 4% des les films de réalisateurs.
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Même si l’industrie a fait des progrès, Martha Lauzen, directrice du Centre d’études des femmes dans la télévision et le cinéma, parle d’un « déséquilibre stupéfiant » : « La bonne nouvelle est que nous avons maintenant constaté deux années consécutives de croissance pour les femmes réalisatrices (…) Cela rompt avec un schéma historique récent dans lequel les chiffres tendent à augmenter une année et à diminuer l’année suivante. La mauvaise nouvelle, c’est que 80 % des grands films n’ont toujours pas de femme à la barre ».
Image : Copyright 2020 Warner Bros