D’Aytré, en Charente-Maritime, jusqu’en Turquie, Mathias Mlekuz a suivi, tête dans le guidon, le carnet de route du dernier voyage de son fils, Youri, tragiquement disparu en 2022. Un périple de cinq semaines qu’il n’aurait pas pu accomplir sans son chien, Lucky, et son meilleur ami, le comédien et coréalisateur de L’Amour flou (2018) Philippe Rebbot – sorte de Harry Dean Stanton dans Paris, Texas.
Une aventure tragicomique qui a décroché les Prix du public à Angoulême et Valenciennes et repose tout entière sur ce duo de sexagénaires pleurant de joie et de tristesse dans l’intimité d’une tente, discutant du temps qui passe ou en pleine dispute après que Rebbot a failli être percuté par une voiture. Après visionnage des quelque cent quatre-vingts heures de rushs accumulés au cours du voyage, Mlekuz et la monteuse Céline Cloarec ont fait le choix d’échapper au naturalisme et au voyeurisme, s’essayant à des intermèdes musicaux et des séquences imaginées (notamment à Vienne) au fil d’un récit laissant place à l’improvisation. Si le réalisateur ne cache aucun de ses états d’âme face à la perte, le deuil s’éprend vite d’une forme de légèreté, rendant encore plus poétique et touchant le message de transmission porté par le film.
À Bicyclette ! de Mathias Mlekuz, Ad Vitam (1 h 29), sortie le 26 février
