Sortez vos carnets : à l’approche de la sortie de Midsommar, le réalisateur livre ses secrets de création.
Avec seulement deux films à son actif, Ari Aster a déjà sa propre bible cinéphile, concoctée par le média américain Film School Rejects, qui a décidé de réunir plusieurs de ses interviews afin de nous offrir une petite synthèse de l’art de la mise en scène selon le réalisateur. Comment marier l’horreur et le folklore, créer des ruptures de ton entre le grotesque et le trouble, hypnotiser son spectateur grâce à des techniques de narration bien précises? Apprentis réalisateurs, étudiants en cinéma, cinéphile curieux: voici les 6 conseils d’Ari Aster pour réussir un film. Certains croient à l’improvisation et aux accidents qui virent aux miracles: Ari Aster n’est pas de ceux-là. La conception en amont et le respect à la lettre du story-board sont les clés de la réussite selon lui. Sur le tournage, le réalisateur tient à ce que chaque membre de son équipe ait la même esthétique en tête, et que les images soient le résultat d’une vision commune. Rien d’étonnant quand on examine le graphisme détaillé et l’architecture symétrique de ses films. Chaque plan est un petit bout de perfection.
Ari Aster loue aussi les vertus indispensables du cinéma de genre, qui permet de faire passer des idées exigeantes, parfois repoussantes, auprès d’un public qui les accepte mieux une fois enrobées d’un filtre – par exemple, lorsqu’il donne au traumatisme familial la forme de l’horreur dans Hérédité. Entre découpage et plan-séquence, le réalisateur préfère la deuxième option, préférant les longues prises de vue ininterrompues à la fragmentation du montage. « Faire des films, c’est pour moi un processus de deuil horriblement prolongé qui consiste à faire des compromis »: le film que vous avez fantasmé ne prendra jamais vie tel quel sur la pellicule, et cette petite tragédie est indispensable à accepter pour réaliser un film. Derniers conseils: laissez le film décanter lentement au montage, et ne pas avoir honte de faire des emprunts aux autres. Car comme Aster le dit joliment: « Le style est comme le monstre de Frankenstein, composé de tout ce que vous avez aimé laisser grandir en vous ». Histoire de réviser ces adages, on peut revoir le premier court-métrage en forme de huis clos du réalisateur, The Strange Things About The Johnson’s, disponible juste en-dessous.
La sortie française de Midsommar est prévue pour le 31 juillet.
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