Y’a qu’à pas baiser de Carole Roussopoulos (1973)
Frontal, ce court métrage de la documentariste engagée (qui signera la photographie du passionnant Sois belle et tais-toi, réalisé par son amie Delphine Seyrig, et sorti en 1981) est le premier film à montrer un avortement par aspiration. Deux ans avant la promulgation de la loi Veil, ce film fauché en noir et blanc donne à voir les ressources profondes de femmes dos au mur, dans un contraste saisissant : des images crues d’auscultation du corps féminin et une atmosphère de lutte enjouée.
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L’une chante, l’autre pas d’Agnès Varda (1977)
Joyeuse, colorée et musicale, cette pépite hippie de Varda chronique sur quinze ans la lutte pour le droit à l’avortement – toile de fond permanente, entre chanson dédiée et mise en scène du procès retentissant de Bobigny, lors duquel était jugée une jeune femme ayant avorté illégalement après un viol, en 1972 (elle était défendue par la brillante avocate Gisèle Halimi). C’est dans l’illégalité de cette pratique que les deux héroïnes, Pauline et Suzanne, se lient d’amitié, quand la première, artiste célibataire et libertaire, aide la seconde, mère de deux enfants, à avorter.
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Une affaire de femmes de Claude Chabrol (1988)
Guillotinée en 1943, Marie-Louise Giraud était une petite commerçante, faiseuse d’anges, ayant pratiqué des avortements. Dans le film de Claude Chabrol, elle est incarnée avec brio par Isabelle Huppert, qui lui donne toute sa nuance. Ni monstre ni sauveuse, Chabrol fait d’elle une femme pleine de contradictions – et préfère épingler la France de Pétain, seule responsable du sort précaire des femmes pendant cette période de l’histoire.
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L’Evénement d’Audrey Diwan (2021)
Un an avant que la Cour suprême américaine ne décrète que le droit à l’avortement n’était plus un droit constitutionnel en annulant l’arrêt Roe vs. Wade, Audrey Diwan remportait le Lion d’or à la Mostra de Venise en 2021 avec ce film intense adapté d’Annie Ernaux. Dans un corps à corps étouffant, on y suit une brillante étudiante (Anamaria Vartolomei) prête à tout pour avorter dans la France des années 1960. C’est cru, nécessaire et entêtant.
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Il suffit d’écouter les femmes de Sonia Gonzalez (2024)
Avant sa légalisation en 1975, des milliers de Françaises subissaient chaque année des avortements clandestins. Elles étaient ados, étudiantes ou, pour la plupart, déjà mères de famille. Une dizaine d’entre elles témoigne avec force dans ce documentaire, narré par l’actrice Ana Girardot qui y raconte, dans une séquence bouleversante, l’histoire de sa grand-mère. Nourri d’images d’archives et précisément documenté, le film éclaire brillamment par l’intime un angle mort des Trente Glorieuses : l’accès entravé des femmes au droit de disposer de leur corps.
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Bonus : on vous conseille aussi la série spéciale de l’INA, « Il suffit d’écouter les femmes », qui retrace l’histoire de l’avortement clandestin à l’aide de témoignages (79 entretiens filmés dans la métropole et les Outre-mer). Ces précieux documents présentés sous forme de mosaïque sont le résultat d’un grand projet mémoriel, créé en janvier 2022 par l’historienne Bibia Pavard et un comité scientifique transnational, qui avaient alors décidé de lancer un appel à témoins.
Textes : Juliette Reitzer, Léa André-Sarreau et Joséphine Leroy
La liste en intégralité :
- Y’à qu’à pas baiser de Carole Roussopoulos
- L’une chante, l’autre pas d’Agnès Varda
- Une affaire de femmes de Claude Chabrol
- L’Evènement d’Audrey Diwan
- Il suffit d’écouter les femmes de Sonia Gonzalez