
CLAIRE MATHON
Profession : Directrice de la photographie
Récompensée pour : Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma en 2020
L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie (2013), Une vie violente de Thierry de Peretti (2017), Atlantique de Mati Diop (2019) et donc le magnifique film pictural de Céline Sciamma… Ces quelques faits d’armes, à faire pâlir de jalousie ses consœurs et confrères, donnent un aperçu du talent de la chef opératrice, spécialiste de la lumière naturelle. Passée par l’école supérieure Louis-Lumière en 1998, la Dijonnaise, admiratrice du travail de Nestor Almendros (qui a filmé les plaines texanes baignées d’une lumière aux reflets bruns-dorés dans le culte Les Moissons du ciel de Terrence Malick), s’est d’abord fait un nom pour son travail chez Maïwenn (Polisse, Le Bal des actrices, Mon roi), pour s’épanouir, de son propre aveu, aux côtés d’Alain Guiraudie. « Je fais des films pour aller vers l’inconnu, pour aller vers des continents que je ne connais pas », avait-t-elle confié à l’AFC Cinema en 2017. Son prochain projet ? Sauver les morts, une fiction réalisée par la documentariste Tamara Stepanyan, avec Camille Cottin, Zar Amir Ebrahimi, Denis Lavant.
A LIRE AUSSI 50 ans des César : 5 cérémonies qui ont marqué les esprits
IRÈNE DRÉSEL
Profession : Compositrice
Récompensée pour : À plein temps d’Eric Gravel (2023)
Avant de devenir la première (et unique femme) à empocher le César de la meilleure musique de film en 2023, la musicienne extravagante de 40 ans était déjà une queen dans nos cœurs. Entre électro et lyrisme symphonique, celle qui ne quitte jamais ses tenues bardées de fleurs et de paillettes sur scène assume le grand écart entre des partitions cristallines, pop et percussionnistes. Irène Drésel définit sa musique comme de la « techno florale », imbibée d’influences aussi pointues que diverses, de La Callas en passant par la musique traditionnelle bangladaise. Pour le film d’Eric Gravel, elle a composé une bande-originale tendue, à vif, pour coller à la peau de son héroïne (Laure Calamy), une femme de chambre et mère célibataire qui doit élever ses enfants à la campagne tout en gérant une grève des transports à Paris, où elle doit passer des entretiens. Un marathon à la fois banal et haletant, qui doit beaucoup au montage frénétique et aux volutes aigues d’Irène Drésel.

CAROLINE CHAMPETIER
Profession : Directrice de la photographie
Récompensée pour : Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois (2011)
L’image mordorée d’Annette de Leos Carax, c’est elle, la lumière déclinante du jour dans Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, c’est elle. Formée auprès de Chantal Akerman, Claude Lanzmann et Jean-Luc Godard, à une époque où la profession est dominée par des hommes, Caroline Champetier est une cheffe-opératrice du contraste, une cheffe d’orchestre des ombres, une enquêtrice de l’invisible. Elle sculpte les visages des acteurs chez Arnaud Desplechin et Nobuhiro Suwa, révèle les angles morts d’un décor dans Plus tard tu comprendras d’Amos Gitaï. « J’ai parfois l’impression de ne faire que ça : travailler l’imperceptible. Ce que le spectateur ne verra pas forcément, mais ressentira. Chaque film a un paramètre photographique spécifique. Ce peut être la matière de l’image – comment agir sur le support, le grain ou le bruit plus ou moins gros – ou son imperceptibilité » expliquait-t-elle en 2014 à la Cinémathèque française. En 2024, elle embarque dans le projet intime et politique de Christine Angot Une famille, docu fulgurant et passionnant, dans lequel l’écrivaine analyse et confronte son entourage à l’inceste qu’elle a subi.

ANAÏS ROMAND
Profession : Costumière
Récompensée pour : L’Apollonide, souvenirs de la maison close et Saint Laurent de Bertrand Bonello (en 2012 puis 2015) ; La Danseuse de Stéphanie Di Giusto en 2017
Collaboratrice régulière d’Olivier Assayas, Bertrand Bonello ou Guillaume Nicloux, Anaïs Romand a commencé par se former à la restauration d’œuvres d’art à Rome dans les années 1970. Les Destinées sentimentales d’Assayas (2000) est le premier grand projet cinématographique de cette passionnée des costumes d’époque. En 2010, elle conçoit ceux, fabuleux, de L’Apollonide, souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello (une fresque sur la prostitution parisienne au début du XXème siècle), en parant les héroïnes de broderies, mousselines et dentelles, et en s’inspirant des peintres impressionnistes, comme Manet. Pour le biopic Saint Laurent du même Bonello, elle recréé les pièces mythiques du couturier, qui avait à cœur de libérer le corps des femmes. On lui doit aussi les looks futuristes du génial manifeste poétique Holy Motors de Leos Carax (2012). Plus récemment, elle a travaillé sur Sarah Bernhardt, la divine (2024).

CAROLINE DE VIVAISE
Profession : Costumière
Récompensée pour : Germinal (1994) de Claude Berri ; Gabrielle de Patrice Chéreau (2006), La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2011)
C’est ce qu’on appelle un CV en béton – ou plutôt en dentelles. Diplômée d’une double licence de lettres et de philosophie, Caroline de Vivaise se fait rapidement un nom dans le milieu du cinéma au début des années 1980. Elle devient la collaboratrice complice de Patrice Chéreau, pour qui elle imagine les vêtements sophistiqués de L’Homme blessé (1982), Ceux qui m’aiment prendront le train (1997), Intimité (2001) ou encore Persécution (2009). En parallèle, la costumière aguerrie travaille pour l’Opéra national de Paris, sur des projets ambitieux : une mise en scène des Contes de la lune vague après la pluie par Vincent Huguet, ou encore Pays lointain de Jean-Luc Lagarce mis en scène par Clément Hervieu Léger au TNS (Théâtre National de Strasbourg). Récemment, elle a conçu les tailleurs chics et chocs de Catherine Deneuve pour Bernadette, faux biopic ironique sur Bernadette Chirac, et les costumes très eighties des Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi, sur une troupe de jeunes comédiens dirigés par Patrice Chéreau. La boucle est bouclée.
A LIRE AUSSI César 2025 : découvrez la liste des nominations