3 Billboards de Martin McDonagh : la vengeance sans relâche

Mildred Hayes enrage. L’enquête irrésolue autour du viol et du meurtre de sa fille, perpétrés quelques mois plus tôt, est enterrée sous une pile de dossiers au commissariat d’Ebbing. Mildred décide de mettre un coup de pied au train du chef de la police, Bill, en louant trois immenses panneaux publicitaires au sortir de la


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Mildred Hayes enrage. L’enquête irrésolue autour du viol et du meurtre de sa fille, perpétrés quelques mois plus tôt, est enterrée sous une pile de dossiers au commissariat d’Ebbing. Mildred décide de mettre un coup de pied au train du chef de la police, Bill, en louant trois immenses panneaux publicitaires au sortir de la ville pour y afficher un message l’alpaguant publiquement. Scandale. Si certains font vaguement mine de comprendre sa douleur, on la prend surtout pour une hystérique. Les habitants soutiennent plutôt Bill, bon père de famille atteint d’une maladie incurable, qui peut aussi compter sur l’appui de ses agents, à commencer par son petit protégé sanguin et pas très malin, Dixon…

Ce tableau serait sans doute d’un pathétique désespérant s’il n’était dynamité par un humour cinglant, qui passe d’abord par le langage fleuri employé par les protagonistes. Un vannage en règle, comme un moyen de dédramatiser la noirceur du monde. Au-delà des seuls dialogues, McDonagh fait montre d’un grand talent de portraitiste: il n’y a qu’à voir la silhouette de l’héroïne, quinqua badass merveilleusement incarnée par Frances McDormand, avec son chignon sec planté au-dessus de sa nuque rasée et son bleu de travail – sa «tenue détente », puisqu’elle est vendeuse, et non ouvrière – qui lui colle à la peau et lui confère l’allure d’une super-héroïne prolo ; le chef de la police (Woody Harrelson, en verve), qui balade sa carrure rassurante et son caractère facétieux entre le poste, le terrain et son foyer; ou encore l’officier Dixon (l’injustement méconnu Sam Rockwell), fils à maman frustré, engoncé dans un alliage de nerfs et de ventre à bières.

S’ils sont pittoresques, tous les personnages sont croqués avec une grande tendresse – il s’agit finalement de gratter leurs couches de névroses pour dénicher de la bienveillance. L’hommage au cinéma des frères Coen est évident: dans leur chef-d’œuvre Fargo (1996), McDormand campait une policière, ardente défenseure de la justice et de la gentillesse, qui enquêtait sur un crime dans un patelin américain.

« 3 Billboards. Les panneaux de la vengeance »
de Martin McDonagh 20th CenturyFox(1h55)
Sortie le 17 janvier