L’écart était trop grand entre productions américaines et françaises. Grâce à leurs moyens colossaux, les premières monopolisaient les réseaux sociaux, puis les écrans. Afin de préserver l’exception culturelle, mission fut donnée aux propriétaires de salles de faire respecter un principe d’égalité entre les films. L’affaire étant sérieuse, elle fut désignée grande cause nationale. Les exploitants pensèrent qu’il suffirait d’ajouter à l’entrée de leur établissement un drapeau tricolore et un frontispice portant haut la maxime de la république. Ils se trompaient. Une nouvelle loi entra en vigueur : le spectateur n’achetait plus sa place pour voir un film précis, mais pour une salle, dans laquelle était projeté un long métrage désigné par le hasard, parmi tous ceux à l’affiche. Chaque séance devenait une découverte potentielle, heureuse ou non, l’important étant que les effets de la publicité intensive étaient annulés puisque tous les films avaient la même probabilité d’être vus. Autre avantage : plus vous alliez au cinéma, plus vous augmentiez vos chances de voir, enfin, l’œuvre dont vous aviez fait votre priorité. La fréquentation augmenta de manière exponentielle… jusqu’au plantage des serveurs centralisés du 14 juillet 2023, qui entraîna la projection du même film français dans toutes les salles, à toutes les séances, tous les jours. Le temps de réparer, deux mois s’étaient écoulés, et l’œuvre en question comptait 36 millions d’entrées, devenant le plus gros succès de tous les temps dans l’Hexagone.
2023, l’année où un film français enregistra 36 millions d’entrées
L’écart était trop grand entre productions américaines et françaises. Grâce à leurs moyens colossaux, les premières monopolisaient les réseaux sociaux, puis les écrans. Afin de préserver l’exception culturelle, mission fut donnée aux propriétaires de salles de faire respecter un principe d’égalité entre les films. L’affaire étant sérieuse, elle fut désignée grande cause nationale. Les exploitants