Quadra dévasté par la mort de sa femme dans un accident de voiture, Mark (Adam Scott) sanglote sur le parking de Lumon Industries, entreprise dynastique dont personne ne sait précisément ce qu’elle fabrique depuis 1866. Mais une fois arrivé à l’étage du département Macrodata Refinement, dont il est instantanément promu manager après le départ de son collègue préféré, Mark est un cadre dynamique, enthousiaste et sifflotant.
Comme l’ensemble de ses collègues, il s’est porté volontaire pour la procédure severance (« séparation »), créée par Lumon, une petite capsule intracérébrale qui permet de séparer – littéralement – vie privée et vie professionnelle. Lorsqu’ils sortent du bureau, les outies, surnom donné à leur moi de l’extérieur, n’ont pas de souvenir de leur job chez Lumon. Mais de 9 heures à 17 heures, ce sont les innies (leur moi du boulot), et ils ignorent tout de leur vie en dehors du travail. Ont-ils des enfants ? Quel est leur film préféré ? Où ont-ils dîné la veille ? La procédure, supposée irréversible, est censée améliorer l’équilibre émotionnel des salariés, pour maximiser leur productivité. Le rêve mouillé du Medef.
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Dans cet univers bureaucratique labyrinthique et aseptisé, Mark et ses collègues accomplissent chaque jour la même tâche répétitive et énigmatique : classer des chiffres d’après les émotions qu’ils leur procurent. Avec, pour le plus productif d’entre eux, des récompenses saugrenues. Nul ne sait ce que représentent ces chiffres. Mais les révélations de Petey, le collègue de Mark disparu sans crier gare et recherché par Lumon, ainsi que l’arrivée de sa remplaçante, Helly, forte tête, vont faire vaciller ses certitudes et fragiliser l’étanchéité de Lumon…
Thriller haletant en forme de jeu de piste, servi par un montage remarquable, Severance est une réflexion intéressante sur la mémoire (qui sommes-nous, privés de nos souvenirs ?) et sur notre rapport au travail rémunéré (le travail est-il une privation de liberté ?). « Suis-je captive ? » (se) demande Helly plusieurs fois, pourtant consciente que personne n’a contraint son choix.
à partir du 18 février sur Apple TV+
Image (c) Apple TV+