Ce soir, à 21h05, TF1 espère réunir devant le poste les kids nostalgiques des années 1980 et les millenials accros aux nouvelles technologies en diffusant le premier volet de la saga Retour vers le futur de Robert Zemeckis. Sorti il y a près de 35 ans, il mettait en scène les aventures du jeune Marty McFly (Michael J. Fox) et du Dr. Emmett Brown (Christopher Lloyd) qui parviennent à voyager dans le temps en faisant simplement un tour de bagnole un peu agité. Retour, en cinq objets, sur cette merveille pop incroyablement avant-gardiste.
L’hoverboard
Fantasme absolu, le skate volant apparaît dans le second volet de la trilogie, sorti en 1985. Projeté avec Doc en 2015, Marty tente d’empêcher son fils de traîner avec de dangereux loubards, et se fait poursuivre par la bande à la sortie d’un café de Hill Valley. Ni une, ni deux, le jeune papa soucieux chipe le skate rose d’une pauvre petite fille innocente. Juché sur ce nouvel engin, il se met alors à voler quelques centimètres au-dessus du sol. Filmé dans des plans rapprochés, l’hoverboard s’entoure d’une aura magique fascinante. Cet article du Guardian daté de 2018 trouve quatre options à sa réalisation (en bloc : le coussin d’air, la propulsion, la sustentation magnétique ou la magie) sur lesquelles plusieurs entreprises et ingénieurs planchent depuis des années. Celui qui a conçu l’objet s’en rapprochant le plus est français. Probablement fan de rock progressif et d’expérimentations farfelues, cet énigmatique inconnu se fait appeler Franky Zapata. Son invention, le « Flyboard », est équipée de quatre moteurs à turbines de 250 chevaux et peut voler à plus de 150 km/h au-dessus de l’eau. Une petite prouesse qui nous pousse à croire que, comme Marty, on pourra nous aussi bientôt planer en skate. Entre deux voyages dans le temps ?
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La DeLorean
Parking du centre commercial des Deux-Pins, 1985. Le Doc touche enfin son rêve révolutionnaire du doigt : il vient d’inventer une machine à voyager dans le temps, sous la forme d’une DeLorean DMC-12 fumante qui en a dans le capot. Abritant un condensateur de flux, et pimpée d’une plaque d’immatriculation « Out A Time » (« hors du temps »), celle-ci peut, à la vitesse craquée de 140 km/h, les projeter avec son jeune acolyte Marty et son adorable chien Einstein dans des époques passées ou futures. Objet incontournable des trois volets de Retour vers le futur, cette voiture avait été choisie par les deux scénaristes du premier volet — Bob Gale et Robert Zemeckis — pour son ambivalence. D’après cet article du Los Angeles Times, la DeLorean symbolisait en effet parfaitement le trouble entre modernité et archaïsme recherché dans le film : en ce début des années 1980, ce modèle était considéré comme has-been, après avoir été lancé en grande pompe et vendue à prix d’or dans le courant des années 1970 (on la marketait alors comme la « voiture du futur »). Faute de convaincre, sa production a été stoppée en 1982, à la suite de la faillite de la DeLorean Motor Company. En même temps, il faut avoir vu la voiture de notre professeur fou préféré pour se convaincre de la platitude de toutes les autres. Tout ça nous donnerait d’ailleurs presque envie qu’on sorte des oubliettes l’émission « Pimp My Ride » de MTV pour un épisode spécial avec Doc, histoire que notre savant à la chevelure hirsute nous délivre tous les secrets de son auto multi-gadgets.
La montre de Marty
La Casio Calculatrice CA-53WF est l’un des objets-totems de la saga — dès le générique du film (une succession d’horloges), le spectateur en est averti. Huit chiffres, un triple fuseau horaire, une alarme quotidienne et un calendrier automatique : cette montre anachronique et rétro a une genèse étonnante. Après s’être heurté la tête sur la chasse d’eau de ses toilettes, Doc, concepteur de la machine à voyager dans le temps, a une illumination, et crée le convecteur temporel, composé de trois cadrans – l’un pour indiquer où l’on va, le deuxième où l’on se trouve, le dernier d’où l’on vient. La montre portée par Marty reprend sensiblement le même fonctionnement, sorte de radar qui permet à notre héros de résoudre les paradoxes temporels provoqués par lui dans le passé. Un gadget qui aurait bien servi aux protagonistes du Tenet de Christopher Nolan, mais qui est aussi, plus sérieusement, un hommage malin à La Machine à explorer le temps, célèbre film de George Pal sorti en 1960.
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Les baskets auto-laçantes
De tous les gadgets visionnaires imaginés par Robert Zemeckis dans sa trilogie SF, il y en a un, moins impressionnant que les autres, mais très pratique, que tous les ados de 1985 se seraient arrachés. Les sneakers à laçage automatique confectionnées par Marty McFly dans le deuxième opus. Avec, on peut repousser son réveil matinal de cinq minutes – un gain de temps non négligeable – et on s’évite un lumbago précoce. Un argument commercial de taille dont s’est emparé Nike en 2019 pour créer un modèle inspiré de la Air Mag originale, les Adapt BB, et qui permet d’ajuster la pression des lacets via une application mobile sur smartphone. À l’origine, ces sneakers étaient destinées aux joueurs de basket-ball : « Durant un match de basket, le pied de l’athlète évolue, et la capacité à desserrer les chaussures pour augmenter votre pression sanguine puis à les resserrer pour améliorer les performances est un élément clé », explique Eric Avar, chargé de l’innovation pour Nike, dans un article des Échos. Le design laisse un peu à désirer – surtout si vous êtes team Adidas Gazelle – mais ces baskets ont au moins un mérite : elles prouvent que la fiction a souvent un temps d’avance sur la technologie.
Les lunettes intelligentes
Voilà de quoi rendre les Totally Spies jalouses. En 2015, année où est propulsée la famille McFly dans le deuxième opus de la saga (coup de vieux en perspective), les personnages découvrent un futur rempli d’inventions aujourd’hui banalisées : casque de réalité virtuelle, écrans plats…et des lunettes connectées au téléphone permettant de recevoir des appels, que l’on voit pour la première fois sur le nez de l’excentrique docteur Emmett Brown. Ado rebelle, le fils de Marty McFly ne les quittera plus lors des dîners familiaux, préférant chater virtuellement avec ses amis. Pour l’anecdote, un des copains de Biff est même surnommé « 3-D », en raison de ses verres holographiques qui lui servent de seconde peau. Si aujourd’hui, l’invention paraît obsolète (l’Apple Watch est passée par là), les connaisseurs de technologie vous rétorqueront que les Google Glasses n’ont pas encore perfectionné leur système de 4G permettant de passer des appels par commande vocale – Retour vers le futur a donc encore un petit d’avance.
Léa André-Sarreau et Joséphine Leroy