« Le Monde de demain » : la fièvre du hip-hop

Cette série brosse le portrait d’une France des années 1980 bouleversée par l’avènement du mouvement hip-hop et la naissance du groupe NTM. Une chronique dense et énergique réalisée par Katell Quillévéré et Hélier Cisterne.


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« Tu flippes. Et c’est normal parce que, dans l’histoire de la musique, il y a toujours eu des trucs nouveaux. » Lancées chez un disquaire dans Le Monde de demain, ces phrases résument bien la série de Katell Quillévéré et Hélier Cisterne. Les deux comparses, qui avaient cosigné le scénario du magnifique De nos frères blessés, réalisé par le second, filment les années 1980 et leur frémissement culturel. Le vent de la modernité venue d’Amérique souffle sur les platines et les banlieues. Deux garçons, qui ne s’appellent pas encore Kool Shen et JoeyStarr, explorent les possibilités offertes par la musique, la danse et le graffiti.

« Le Monde de demain » : Katell Quillévéré et Hélier Cisterne nous parlent de leur fulgurante série

Car Le Monde de demain ne raconte pas seulement les débuts de NTM, mais l’avènement d’un mouvement hip-hop dans son ensemble. Dee Nasty, premier DJ de rap français, et Lady V, jeune graffeuse et danseuse, viennent élargir les horizons des six épisodes. La série embrasse le basculement d’une société entière, mais montre aussi que la culture, boostée par des jeunes qui ont faim, est le reflet de rapports de force socio­économiques. Quillévéré et Cisterne signent un bel objet, jouant du grain de l’image et dirigeant leurs jeunes acteurs à merveille, à commencer par Anthony Bajon. Mulet sur la tête, celui qui enfile les baskets de Kool Shen illumine la série d’une énergie boudeuse et joyeuse à la fois.