Agnès Varda débarque sur Netflix : dans quel ordre voir les 7 films ?

En septembre, la plateforme s’enrichit avec plusieurs films de la pionnière de la Nouvelle Vague, disparue en 2019. Vous n’êtes pas familier avec son œuvre ? Suivez le guide.


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Après l’arrivée de Truffaut, Chaplin ou Dolan sur la plateforme au cours de la dernière année, le partenariat entre mk2 (éditeur de TROISCOULEURS) et Netflix continue de faire étincelles, en rendant toujours plus accessibles des pans du cinéma mondial. C’est cette fois l’œuvre ludique, maline et profondément touchante de la grande Agnès Varda qui est mise en avant. Mais alors par quel bout commencer ? On vous suggère la chronologie suivante.

1 – Cléo de 5 à 7 (1962)

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C’est le deuxième long-métrage de la cinéaste, et peut-être son film le plus mélancolique. C’est aussi une entrée idéale dans son cinéma pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il montre à quel point Varda ne reculait devant aucune audace formelle : pour faire sentir toute l’angoisse de Cléo (qui se sait condamnée par un sale cancer), la réalisatrice a opté pour un film en temps réel – elle capte ses déambulations parisiennes heure par heure. 

Pour incarner cette héroïne en sursis, Agnès Varda a choisi Corinne Marchand, qui excelle dans ce rôle. Elle y est à la fois majestueuse et sobre (c’est toute la force de son personnage). Rare au cinéma, l’actrice, qui est aussi apicultrice, a par la suite joué dans des films plus confidentiels. Evoquons aussi la musique signée Michel Legrand (autre immense figure de la Nouvelle Vague qu’on regrette), qui accompagne parfaitement cette sublime procession funèbre.

L’inventaire d’Agnès Varda

2 – Les Plages d’Agnès (2008)

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Autre excellente entrée dans l’univers de Varda (mais cette fois beaucoup plus espiègle) : ce documentaire qui synthétise toute son œuvre. Une sorte d’autoportrait ou « autodocumentaire » poétique (primé du César du meilleur docu en 2008) qui se balade avec liberté et grâce dans différents lieux et temporalités, nous donnant l’impression de suivre les chemins sinueux de la pensée de Varda elle-même. Comme l’illustre métaphoriquement la cinéaste au début du film : « Si on ouvrait des gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m’ouvrait on trouverait des plages. »

Agnès Varda, corps sensibles

3 – Black Panthers (1968)

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Si elle était très malicieuse, Agnès Varda était aussi tout aussi attentive aux soubresauts politiques qui agitaient les pays qu’elle traversait. En 1968, au moment où ouvriers et étudiants français bouleversent l’ordre en place en France, Varda se tourne vers une autre révolte, celle du Black Panther Party aux États-Unis, à Oakland. Dans un documentaire radical et déterminé, elle évoque la répression policière en adoptant le ton révolutionnaire des militants qu’elle filme.

4 – Sans toit ni loi (1985)

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« Je te propose de jouer un personnage qui ne dit jamais merci, qui dit merde à tout le monde et qui sent mauvais. » C’est en ces termes (très directs) qu’Agnès Varda avait présenté le personnage de Mona à Sandrine Bonnaire, toute jeune actrice dont la carrière sera lancée grâce à ce puissant rôle de vagabonde indocile, dont le corps frigorifié est retrouvé au début du film. Composé de 12 travellings, le film, étrangement jubilatoire, la suit dans sa longue et poisseuse marche. Un petit chef d’œuvre d’autant plus parlant quand on pense aux crises sociales qui crispent le pays aujourd’hui.

5 – Le Bonheur (1965)

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C’est l’histoire d’un menuisier, marié et père de deux adorables enfants, qui tombe amoureux d’une jeune employée de PTT, avec laquelle il vit une liaison. Problème : les sentiments qu’il éprouve pour sa femme sont toujours aussi vifs… Ne pas se fier à toutes les couleurs pimpantes et lumineuses (avec prédominance du jaune, le même que ceux des tournesols qui parsèment ce film à l’atmosphère bucolique) qui s’offrent aux regards tout au long du récit. La fraîcheur qui émane de la mise en scène tranche avec la teinte tragique qui s’infuse sournoisement.

A sa sortie au mitan des années 1960, le film avait fait scandale – on l’accusait de ne pas condamner ouvertement les relations extra-conjugales – et fut interdit aux moins de 18 ans (de peur que la génération yéyé soit corrompue ?).

6 – La Pointe courte (1955)

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On en vient aux fondements du cinéma de Varda. En 1955, à l’âge de 26 ans, la jeune et intrépide cinéaste décide de rendre hommage aux pêcheurs sétois qu’elle affectionne tant dans son tout premier long-métrage, l’histoire d’un homme mûr qui revient dans sa ville et son quartier d’origine (la susnommée « pointe courte »). Son épouse le retrouve et c’est le début de la déflagration : ils ne parviennent plus à communiquer, se perdent dans des non-dialogues jusqu’à en oublier le monde qui les entoure…

« J’aimais les pêcheurs de Sète, leurs propos imagés, leur énergie à faire vivre leurs familles. […] C’est la vie quotidienne qui animait ma vie plus que ce que l’on appelait à l’époque des états d’âme », expliquait Agnès Varda dans Varda par Agnès (son autobiographie coécrite avec Bernard Bastide) à propos ce premier film dur et audacieux, qui l’a tout de suite imposée dans le paysage cinématographique français.

7 – L’une chante, l’autre pas (1977)

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Pour finir ce marathon cinéphile dans une humeur joyeuse, on vous conseille d’enchaîner avec cette chronique qui capte la vague de revendication du droit des femmes survenue en France entre les années 1960 et 1970. Si on l’a mis en dernier, ce n’est pas parce qu’on l’aime moins. On a au contraire été éblouis par sa reconstitution de l’époque, sa fièvre révolutionnaire et progressiste. Enfin, tout le monde se reconnaîtra dans les deux héroïnes du récit : Pauline, l’apprentie chanteuse au caractère bien trempé, et Suzanne, personnage délicat qui se défait avec courage de tout ce à quoi elle est promise.