En forme de compte à rebours, le festival Côté court de Pantin fête son anniversaire en mettant en ligne chaque jour gratuitement un film qui a marqué les 30 éditions passées. Jusqu’au 1er juin, on peut découvrir sur son site l’un des premiers courts du réalisateur de Diamant noir.
« Des jours dans la rue. Un film d’Arthur Harari, avec moi, Christian Chaussex », annonce dans un générique parlé la voix off du personnage principal tandis que la caméra se serre sur ses chaussures qui avancent. Si le film s’inspire de la vie de l’acteur qui l’incarne, il ne le fait pas de façon naturaliste. Christian arpente les rues pour chercher du travail, n’en trouve pas. La détermination de son idée fixe se traduit par la simplicité de la mise en scène : la linéarité d’un parcours dans Paris semé de rencontres. Dans la grande précision formelle de son premier film produit (par le GREC en 2005), Arthur Harari traite ce sujet social avec dénuement et rigueur.
Tout nous plonge dans les sensations de Christian jusqu’à ce moment presque fantastique où le film, le temps d’une incursion à la campagne, quitte son sillon réaliste pour basculer dans l’univers mental de son personnage solitaire et angoissé.
Solitaire et opiniâtre : on pourrait aussi qualifier ainsi le personnage incarné par Niels Schneider dans Diamant noir (2015) qui met en scène le désir de réussite et de vengeance d’un rejeton mal aimé issu d’une famille de diamantaires anversois.
Le chef-opérateur Tom Harari donne à ce polar trouble des couleurs profondes qui rappellent le technicolor. C’est lui qui éclaire tous les films de son frère : les moyens métrages remarqués La Main sur la gueule et Peine perdue qui ont fait suite à des essais autoproduits où ils filmaient Lucas Harari, dernier de la fratrie devenu auteur de romans graphiques (La dernière rose de l’été aux éditions Sarbacane).
C’est en famille qu’Arthur Harari conçoit son cinéma, lui qui écrit en ce moment un nouveau projet avec sa compagne, la cinéaste Justine Triet (Victoria, Sibyl), et s’est constitué une famille d’élection de collaborateurs fidèles. Comme Laurent Sénéchal au montage ou Olivier Marguerit à la musique que l’on retrouvera au générique du prochain film du cinéaste, Onoda, 10 000 nuits dans la jungle. Terminé depuis un an, le film attend patiemment sa sortie (prévue pour le 21 juillet) comme son héros, un soldat japonais qui se retranche dans la jungle philippine jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Solitude et opiniâtreté, on y revient…
Pour voir le court, cliquez ici.
Crédit photo : le GREC