Xavier Dolan prépare un film d’horreur

Le cinéaste sort de sa retraite anticipée avec ce projet qui parlera de la peur de l’échec et du rejet.


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« Je renonce au cinéma et à la réalisation. Je n’ai plus l’envie ni la force de m’investir deux ans dans un projet pour qu’ensuite presque personne ne le voie ». En juillet 2023, Xavier Dolan, petit prodige du cinéma à la carrière fulgurante, déclarait à El País ne plus croire en les pouvoirs de l’art face à la montée des extrémismes dans le monde. Désabusé, il annonçait renoncer à la fiction pour construire « une maison où [se] réfugier avec [ses] amis et regarder le monde brûler ».

On avait très envie de visiter ce cabanon de fortune, mais au fond de nous, on savait que la vie façon Into the Wild, ce n’était pas fait pour Xavier Dolan. La preuve : il a changé d’avis. Après son expérience de président du Jury au Festival de Cannes en 2024, pour la section Un Certain Regard, le réalisateur canadien aurait retrouvé le goût de l’écriture. Dans une vidéo pour le média Sans Filtre, présentée par PH Cantin et Doum Plante, il a lâché le scoop : oui, il est en train de finaliser l’écriture d’un film d’horreur. « Je suis en train de travailler sur un film que j’ai écrit avant la pandémie, que j’ai ressorti. C’est un film de genre, d’horreur, qui se passe en 1880 en France. »

Xavier Dolan, qui a souvent puisé dans un matériau très autobiographique pour écrire des récits à fleur de peau sur les conflits familiaux, l’homosexualité, les affres de l’identité (Mommy, affrontement tendre et cruel entre un fils et sa mère, Juste la fin du monde, huis clos familial en forme de règlement de compte) explique que ce nouveau projet (il lui reste 20 pages à écrire) n’est qu’en apparence éloigné de son univers sensible, introspectif : « En le relisant, je réalise que c’est un film sur la peur de l’échec, d’être aliéné, rejeté, incompris, la difficulté de créer. Quelque chose que je connais, que je ne connais pas en même temps, dans une époque qui me fait envie, dans un style qui me fait envie, dans une proposition complètement différente, grâce à laquelle je sens que je peux me surpasser, apprendre, grandir. »

Xavier Dolan : « J’ai l’impression d’avoir bouclé la boucle avec toutes mes obsessions »

Rien d’étonnant, de la part de celui qui a toujours mêlé le mélo sentimental à d’autres genres, de façon plus souterraine : Tom à la ferme, qui renfermait en son coeur une variation sur la peur d’assumer ses désirs, avait l’apparence du thriller hitchcockien; sa série La Nuit où Laurier Gaudreault s mélangeait le soap à des saillies horrifiques, assumant clairement les gimmicks du genre avec une ironie toute nouvelle. Welcome back, Xavier. NB : N’oubliez pas que pour fêter les dix ans de Mommy, récompensé à Cannes en 2014, mk2 et Sons of Manual sortiront l’ouvrage A Friendship Through Film, composé de photographies inédites de Shayne Laverdière, réalisées lors de la production du film iconique de Xavier Dolan.

Portrait (c) Shayne Laverdière