Dans les questions formulées par Inti, Jai, et Pauline à leurs parents, il y la thématique du territoire, de la façon dont les lieux et leur culture nous traversent. Inti sonde son père français sur la façon dont celui-ci l’a élevé dans la spiritualité syncrétique au Brésil. Jai, lui, tente de s’initier aux traditions hindi de sa mère. Pauline, après avoir été dans le rejet des pratiques animistes de sa famille sénégalaise, recommence à s’y intéresser…
Ces scènes d’entretiens documentaires en forme d’enquête intime s’alternent avec des séquences où le trio fouille la périphérie parisienne pour trouver un nouveau squat à habiter – l’exploration du passé sert alors d’appui pour se construire un futur désirable. Ils trouvent une banque abandonnée à laquelle la cinéaste donne une ampleur dédaléenne et fantastique, avant qu’elle ne la transforme en l’espace des possibles.
Dans cette bâtisse sombre que l’on découvre progressivement, tout est alors pour eux à rêver et inventer : les squatteurs se réapproprient ce symbole capitaliste en lui donnant soudain une âme, enrichissant ces murs de leur héritage, de leur culture, de leurs récits. Dans la scène finale, vraiment très belle, le trio y joue une dernière fois la comédie du pouvoir : costumés de bric et de broc, ils performent avec flamboyance ce dont ils ne veulent plus, des propriétaires véreux, l’horizon seul du profit, de tristes rapports humains d’exploitation. C’est comme un rituel libérateur.