Alfred Hitchcock aurait-il été un gamer assidu? Sachant que le cinéaste a posé quelques jalons du cinéma d’horreur – le slasher et les climax narratifs avec Psychose (1960), le film de monstres dont il réinventa les codes dans Les Oiseaux (1963) – et qu’il adorait manipuler les spectateurs en les perdant dans des récits plein de faux-semblants (citons par exemple la technique du Mac Guffin, qui consiste à initialiser l’intrigue grâce à un élément qui se révèlera plus tard sans importance), on pense que oui.
Cette dimension interactive du cinéma d’Hitchcock a inspiré Microids, créateur français de jeux vidéo, qui a développé avec l’équipe espagnole de Pendulo Studios « Alfred Hitchcock – Vertigo », un thriller psychologique virtuel inspiré du chef-d’œuvre du réalisateur. Contrairement à ce que son titre peut laisser penser, le jeu ne sera pas une adaptation littérale de ce film labyrinthique sur les apparences trompeuses, les chimères amoureuses, l’entremêlement entre désir et mort.
Rappelons que James Stewart y interprète un ancien policier, hanté par le suicide de sa maîtresse, Madeleine (Kim Novak), qu’il n’a pas pu sauver d’une chute. Un jour, il rencontre Judy, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Madeleine, et entame une relation avec elle tout en essayant de la façonner à l’image de son premier amour perdu…
Le jeu mettra en scène un personnage du nom d’Ed Miller, un écrivain, qui sort indemne de la chute de sa voiture dans le canyon de Brody en Californie. Personne n’a été retrouvé dans l’épave de la voiture, pourtant Ed assure qu’il voyageait avec sa femme et sa fille. Traumatisé par cet événement, il commence à souffrir de graves vertiges.
Alors qu’il entame une thérapie, Ed va tenter de découvrir ce qui s’est réellement passé lors de cette journée fatidique. Tout en proposant une histoire inédite, le jeu reprendra les grandes thématiques de ce film paranoïaque : l’obsession morbide, la mémoire, la manipulation. Il comportera trois personnages jouables et plusieurs lignes temporelles, à l’image de la mosaïque de souvenirs trompeurs qui traverse le film d’Hitchcock.
« Le film d’Alfred Hitchcock a bien évidemment été une source d’inspiration majeure, qu’il s’agisse des thèmes abordés, de la narration, ou encore des techniques visuelles utilisées, qui renvoient aux techniques cinématographiques récurrentes chez Hitchcock », a déclaré Josué Monchan, Narrative Designer chez Pendulo Studios, à IndieWire. « Mais Vertigo n’est pas notre seule inspiration, puisque le fait que la thérapie soit au cœur de la narration du jeu renvoie par exemple à La Maison du docteur Edwardes, et certains personnages font écho à des protagonistes de Rebecca, Psychose et bien d’autres ».
Effectivement : le premier teaser du jeu convoque les spirales rouges du film, son graphisme tortueux, avec pour leit-motiv le pont de la baie de San Fransisco. Avis à ceux qui n’auraient jamais tenu de manettes : le jeu sortira en fin d’année sur PC, PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series X | S, consoles Xbox One et Nintendo Switch, et risque de vous convertir à l’art du gaming.
Le podcast de l’après-midi : « H comme Hitchcock, les années 1950 »