« Twist à Bamako » : le rock dans la peau

Avec limpidité, romantisme et sens du tragique, le cinéaste marseillais Robert Guédiguian dépeint l’élan de la jeunesse malienne, entre twist et socialisme, au sortir de l’indépendance du pays, au début des années 1960.


856bc073 4778 413d b1c8 d1e021c2ea72 twistc3a0bamako

Mettre sa mise en scène au service de son histoire et de ses idéaux, cela a souvent été le credo de Robert Guédiguian (Les Neiges du Kilimandjaro, 2011 ; Gloria mundi, 2019). Avec son dernier film, le réalisateur a beau se délocaliser de Marseille à Bamako (en réalité, le film a été tourné au Sénégal), il reste fidèle à ce principe. Il expose avec une fluidité remarquable les enjeux politiques complexes du Mali de 1962 – sans oublier de mettre au premier plan l’émotion.

Robert Guédiguian : « Je pense avoir fait un film certes sombre, mais optimiste »

Il y raconte l’itinéraire de Samba (Stéphane Bak), gagné par l’effervescence révolutionnaire de la présidence de Modibo Keita, qui oriente son pays vers le socialisme. Le jeune homme tombe amoureux de Lara (Alicia Da Luz Gomes), pourchassée par l’homme auquel elle a été mariée contre son gré et qu’elle a fui.

Samba et Lara tentent de vivre leur idylle sur les pistes de danse, alors que le régime se durcit progressivement – notamment pour contenir l’engouement de la jeunesse pour le twist et le rock ’n’ roll. Chevillé à l’idée du collectif et de la solidarité, Guédiguian se projette dans ses héros qui jamais ne dévient de leurs idéaux de justice sociale, détaillant avec empathie et précision les pièges liberticides qui enserrent leur lumineuse fuite amoureuse.

Twist à Bamako de Robert Guédiguian, Diaphana (2 h 09), sortie le 5 janvier

Image (c) Copyright AGAT FILMS